Né le 19 juillet 1938 à Rome, Sergio Martino a de qui tenir, avec un grand-père qui n’est autre que le prolifique réalisateur Gennaro Righelli et un frère aîné scénariste et producteur, Luciano Martino, avec qui il a collaboré de nombreuses fois.
Mais qui pouvait lui prévoir une carrière de 40 ans où, comme bien des artisans du cinéma « bis » italien, il multipliera les fonctions (scénariste, chef-op, producteur…) et les genres ?
Sa carrière commence sous la prestigieuse égide du grand Mario Bava, à l’âge de 25 ans, lorsqu’il est nommé assistant réalisateur sur « Le corps et le fouet » avec Christopher Lee. L’époque étant aux documentaires à sensations, Martino signe sa première réalisation avec « L’Amérique à nu » et poursuit, avec l’inévitable western, par le délirant « Arizona se déchaine ».
Il trouve le succès artistique et commercial avec une série de gialli, ces thrillers italiens plus ou moins horrifiques qui triomphent dans les années 70, et sont en cours de réestimation avec une série de sorties en DVD/Blu ray bourrés de suppléments, notamment chez l’éditeur Le chat qui fume (« Torso » du même Martino) ou the Ecstasy of Films.
Comme tous les artisans du bis (étiquette que revendique Martino), il fit un peu de tout, de la comédie sexy-youpi à l’aventure (« La montagne du Dieu cannibale », « le grand alligator ») et le très pulp « Le continent des hommes poissons » (également ressorti récemment en DVD) qui fut criblé de scènes additionnelles pour sa sortie aux USA, sous la direction de Roger Corman !
Martino accompagnera le déclin progressif du cinéma transalpin, suivant la mode des bandes de SF post-cataclysmiques très fauchées (mais extrêmement lucratives à l’époque !) avec le sympathique « 2019 après la chute de New York » et l’assez abracadabrantesque « Atomic Cyborg ». L’ère Berlusconi signant la fin de l’âge d’or du bis transalpin et du cinéma italien, même si certains résistent encore, dès les années 80, Martino se tourne de plus en plus vers la télévision.
Il réalisera d’ailleurs une suite au « Continent des Hommes-poissons » sous forme de téléfilm (« La Reine des Hommes-poissons »). Martino restera comme l’un de ces réalisateurs touche à tout, capable de mener à bout un produit plus qu’honorable dans des conditions parfois homériques.
Les nouvelles générations prennent plaisir à redécouvrir son œuvre aujourd’hui, là où bien des chouchous de la critique sont oubliés…
(Texte : Thomas Bauduret)