"Aucune réponse ferme n'a été donnée suite à nos demandes", nous déclare les membres du comité de soutien "aux gardé-e-s à vue" intersyndicale et interprofessionnel. "Nous n'avons aucune information sur les suites" de cette affaire, "personne ne nous dit rien, ni du côté de l'université, ni du parquet". "Le président dit ne rien savoir" sur les poursuites judiciaires après neuf plaintes déposées contre les militants qui ont interrompu le conseil d'administration le 14 février.
Le temps presse…
Sur les éventuelles poursuites des étudiant-e-s devant les instances disciplinaires de l'université, "aucune réponse" n'a non plus été donnée. Il semblerait que Jacques Bahi poursuive son "tour de table" pour obtenir toutes les informations et prendre une décision. Mais le temps presse pour les étudiant-es : les cours à l'université vont très bientôt s'arrêter, les examens vont commencer… "On a peur que des décisions judiciaires et de l'université tombent pendant les vacances alors que plus personne ne pourra y répondre", souligne Noelle Ledeur de l'Union syndicale Solidaires.
"On craint de retourner en cours"
Une étudiante ayant participé à l'action du 14 février évoque un quotidien "invivable" depuis ce jour. "On craint de retourner en cours : on est considérés comme des criminels. On a été jugés coupables dès le départ et tant que la vérité ne sera pas rétablie, ce sera invivable. Nous sommes en droit d'obtenir des réponses. Nous sommes innocents", nous confie-t-elle. Noelle Ledeur ajoute que "les accusations pour lesquels il y a eu des dépôts de plainte – séquestration, violences – sont graves. Tant que la vérité ne sera pas reconnue, ces étudiants seront vus comme des délinquants, des voyous, capables de séquestration."
"Les violences ne s'arrêtent pas après la garde à vue"
Le 14 février, 17 personnes ont été placées en garde à vue pendant 24 heures, deux autres y sont restées 45 heures. "Il y a eu des violences psychologiques et physiques sur ces étudiants", précise Noelle Ledeur, "il y a également eu trois personnes du conseil d'administration qui ont vécu l'action militante comme quelque chose de violent, ça, on veut bien l'accepter". Mais quelques étudiants qui ont été en garde à vue le 14 février nous expliquent que "les violences psychologiques ne s'arrêtent pas à la garde à vue : il y en a qui n'en dorment toujours pas, d'autres font encore des crises d'angoisse".
"Il y a cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de ces jeunes"
L'un des membres du comité l'affirme et le confirme : "nous n'avons jamais été fermés au dialogue". Et d'ajouter : "il y a un déficit de dialogue social avec l'université. Le temps est long pour trouver des solutions rapides. Il y a cette épée de Damoclès qui pèse au-dessus de ces jeunes. On est interloqué parce qu'il y a 0 réponse", s'insurge-t-il.
Les membres du comité dénoncent enfin "une réaction disproportionnée" lors de l'intervention des forces de l'ordre pour l'évacuation des locaux de l'université. "Cette action militante était vraiment d'interpeller la présidence de l'université sur l'avenir des étudiants en master, c'était anodin", nous explique un membre du comité, "ça aurait pu se passer à La Poste, à la SNCF, ou dans une boîte privée…"
Info +
Les syndicats interprofessionnels sont convoqués en fin de semaine prochaine "d'après ce qu'on a compris", précisent les membres du comité de soutien. Des réponses devraient être apportées à ce moment-là. En tous cas, c'est ce qu'espèrent les étudiant-es concerné-es ainsi que le comité de soutien et les syndicats : "Être dans le flou, ça heurte".