Le début de cette édition 2021-22 va forcément servir de prélude et de tremplin pour le grand rendez-vous de l’hiver, les Jeux olympiques de Pékin (4-20 février).
Comme tous les quatre ans, l'ombre des JO planera sur le début de saison. Entre la lutte pour le gros globe de cristal et la quête d'une médaille d'or, les biathlètes seront amenés à trouver le bon compromis, ce qui pourrait rebattre les cartes et la hiérarchie du circuit.
Ce flou est également entretenu par les interrogations autour de l'état de forme de Johannes Boe. Victime d'un gros rhume, l'homme aux 52 victoires (28 ans) a dû tirer un trait sur les sélections norvégiennes de Sjusjoen, les 13 et 14 novembre, qui ont accueilli d’autres grandes puissances de la discipline comme la France et ont fait office de test grandeur nature avant la reprise de la Coupe du monde.
Revenu des JO-2018 de Pyeongchang avec un bilan mitigé en solo (1 médaille, l'or sur l'individuel) et donc focalisé sur Pékin, Boe pourrait bien laisser lors des premières étapes quelques miettes à ses rivaux, à commencer par son jeune compatriote Sturla Laegreid (24 ans), qui l'avait menacé jusqu'à l'ultime course en 2020-2021, avant d'être finalement devancé de 13 petits points au classement général.
Retour du public
Mais le sensationnel Laegreid, qui n'a disputé qu'une saison complète parmi l'élite (7 succès individuels, dont 2 médailles d'or mondiales) et s'est révélé en pleine pandémie de Covid-19 comme le biathlète le plus impressionnant derrière la carabine, devra composer avec une donnée essentielle: le retour du public. Sera-t-il aussi à l'aise au tir sous les cris et les encouragements des spectateurs? Ce sera l'autre inconnue de cette saison.
Pour les Français, pas question en revanche de faire des calculs et de ne penser déjà qu'aux Jeux. C'est le message adressé par leur entraîneur Vincent Vittoz.
"Il y a de la concurrence dans l'équipe et il n'y a que quatre places sur les courses individuelles et sur le relais aux JO, explique le patron des Bleus. Le début de saison nous servira de prise de repères pour cette sélection olympique. Pour la confiance, c'est mieux de bien commencer." Même s'il reconnait qu'"il n'y a pas de leader affirmé", Vittoz assure que la page Martin Fourcade est bel et bien "tournée".
La réalité est beaucoup plus nuancée, les Bleus n'ayant pas réussi la saison dernière à titiller les Norvégiens, leur seul fait d'armes étant le 2e titre mondial décroché par Emilien Jacquelin en poursuite à Pokljuka.
Quentin Fillon-Maillet : "Voir très haut"
Malgré trois victoires et des ambitions de gros globe clamées haut et fort, Quentin Fillon-Maillet est resté scotché à la 3e place du classement général pour la 3e année consécutive. Mais pas question de changer de discours pour le Jurassien de 29 ans.
"Je n'ai pas envie de me cacher derrière des objectifs qui seraient en dessous. J'ai juste envie de voir très haut. Plus ça va, plus j'ai de l'expérience, capable de me rassurer et de me rapprocher d'une médaille d'or olympique", affirme-t-il.
Pour Emilien Jacquelin, la vilaine fracture du poignet gauche survenue cet été a perturbé sa préparation et l'a surtout poussé à se recentrer sur une cible majeure: les JO.
"Les plans sont revus avec cette blessure, déclare-t-il. Les Jeux deviennent le challenge qui m'excite, beaucoup plus encore que de jouer le classement général."
Du côté des dames, il sera encore très compliqué pour les Françaises, qui restent sur deux exercices très délicats, de contrecarrer le duo norvégien Tiril Eckhoff-Marte Olsbu Roeiseland.
L'urgence est avant tout de trouver un remède aux maux récurrents des Bleues derrière la carabine. "Il faut plus d'exigence de travail, admet Jean-Paul Giachino, en charge du tir. Elles ont la technique mais quand un athlète ne réussit pas c'est qu'il se laisse polluer par l'état émotionnel. Elles ont aussi changé trois fois de coaches en trois ans, la valse des entraîneurs n'a pas aidé."