Si l’on cherche son nom sur internet, on a l’impression de trouver plusieurs Adrien Touzot alors qu’il s’agit pourtant bien du même homme. Ce touche à tout, plâtrier-peintre de formation, est entre autres, passé d’une carrière chez les sapeurs-pompiers de Paris à une vie d’expatrié au Canada en tant que serveur-sommelier dans de nombreux palaces avant de finalement venir à Besançon. Ici, après une courte carrière dans l’immobilier, il est désormais serveur au 1802 depuis un an et demi. Un parcours à rendre fou n’importe quel conseiller d’orientation…
D’ailleurs, Adrien n’a pas la bougeotte uniquement lorsqu’il s’agit de son parcours professionnel : il aime également arpenter les montagnes et si possible en immortalisant les souvenirs de ses voyages en photos et vidéos. Le baroudeur s’est ainsi découvert une passion pour la photographie qu’il développe maintenant depuis quelques années notamment grâce à l’association bisontine Grain d’Pixel.
Objectif, concourir au prochain Festival de la photographie de Besançon
Alors quand il a appris que le restaurant où il travaille allait devoir fermer ses portes pendant plusieurs mois, le globe-trotteur y a vu là "une occasion en or" de concrétiser son nouveau projet. Concilier "une aventure humaine" et un projet semi-professionnel lors de son troisième voyage au Népal dont l’aboutissement mènera "à un projet photographique personnel" qu’il compte présenter lors du prochain Festival de la photographie de Besançon en octobre 2023.
Cette nouvelle aventure, Adrien la partagera avec son acolyte Chhe Wang. Un sherpa rencontré grâce au gérant du Vieux Campeur, magasin bien connu des randonneurs, qui a mis en contact le Bisontin et son neveu pour lui servir de guide lors de son premier voyage au camp de base de l’Anapurna. Une rencontre qui a marqué Adrien : "le contact passe super bien entre lui et moi". À tel point que les deux amis vont repartiront ensemble en 2018 au village de Langtang, englouti par une avalanche mortelle après un tremblement de terre de magnitude 7,8 en avril 2015. Un voyage qui a pris des airs de pèlerinage de par sa fonction symbolique.
"En 2015, il y a eu ce drame qui nous lie les deux et qui renforce notre amitié", explique Adrien. Ce drame, c’est ce séisme qui a fait plus de 5.000 victimes à cause duquel Adrien et Chhe Wang ont perdu deux amis. L’un d’eux était la compagne d’un ami d’Adrien, tous les deux partis en trek au Népal. Sur les recommandations du Bisontin, ils prévoyaient d’être accompagnés par Chhe Wang, mais n’ayant pas son visa de travail à jour, il avait confié le couple à un autre sherpa, Sachit, décédé lui aussi dans l’avalanche.
Leur deuxième voyage rapprochera ainsi les deux amis venus se recueillir, trois ans jour pour jour, sur les ruines de l’ancien village de Langtang qui laisse désormais place "à un paysage lunaire", nous raconte Adrien encore un peu marqué par ce qu’il a vécu ce jour-là. "De l’ancien village, il n’en reste rien, il a été entièrement recouvert par un glacier et les Népalais ont reconstruit Langtang un peu plus loin". De ce pèlerinage, Adrien a ramené beaucoup d’images ainsi qu’une vidéo poignante lors de son retour sur les lieux du drame.
Pour ce troisième séjour, Adrien prévoit cette fois de découvrir la vallée de Chhe Wang, là où vit sa famille lors d’un trek de onze jours. Un "privilège" pour lui qui s’apprête à vivre un voyage intime et unique, bien loin de l’autoroute de l’Everest emprunté par les touristes chaque année. Au total, ils parcourront un peu plus de 100 km avec un passage au sommet du Kala Patthar et plus de 6.500 m de dénivelé positif pour un retour prévu à Besançon le 25 mars.
"Le Népal est mon pays de coeur"
La photo est également pour lui un moyen de rendre compte de la beauté du Népal, "mon pays de coeur"comme il dit. Pour ce Doubiste adepte des belles montagnes, le pays est un terrain de jeu immense qu’il retrouve nul part ailleurs. "Dans les Alpes, tu commences à avoir de la haute montagne à partir de 3.000m d’altitude alors qu’au Népal, à 3.000m c’est encore le parc national", nous explique le Bisontin.
"Au Népal il y a trois religion : l’hindouisme, le bouddhisme et le tourisme"
Dans cette région "où le tourisme est ce qui leur permet de survivre, cela crée également beaucoup d’inégalités" partageant les habitants entre ceux qui sont "sur la route de l’Everest et ceux qui n’y sont pas". Dans ces régions très reculées, les gens "transportent tout à dos d’homme. J’en ai même vu porter des immenses poutres", de quoi faire relativiser les randonneurs aux alentours qui se plaignent du poids de leur sac à dos… Adrien avoue y avoir pris là-bas "une énorme claque, qui m’a fait me dire que j’allais arrêter de me plaindre".
Dernier projet du voyage qui a pourtant été le premier réalisé, Adrien a profité de son arrivée à Katmandou pour remettre du matériel informatique que lui a confié le traileur bisontin Sangé Sherpa, pour son association. Soit, un ordinateur et deux tablettes, "c’est tout ce que je suis autorisé à passer à la douane", précise Adrien.
10.000€ d'emprunt dont la moitié en équipement photo
Pour son voyage, Adrien a dû contracter un prêt de 10.000€ "dont la moitié est consacré au matériel photo". En plus de photos personnelles qu’il consacrera à une exposition, Adrien prévoit également de "faire du contenu photos de qualité pour différentes marques outdoor". Une manière de concilier plaisir et business pour le photographe qui cherche à faire connaître ses services.
Avant même de partir, Adrien nous a confié l’un de ses futurs projets, "refaire la même chose, mais cette fois avec Sangé Sherpa et son association". Parce qu’en plus d’être polyvalent, le type a du coeur et a visiblement ramené un bout de Népal en lui…