La Cantine Gloria Mea Fides
(établissement classé dans le top 20 des meilleurs restaurants vegan en France sur le site site vegoresto.fr) a tenu à faire front et à s'investir pendant le confinement malgré les difficultés économiques :
Chloé Lardier, gérante : "Le confinement est pour nous comme pour pas mal d'établissements, une catastrophe économique qui nous oblige à puiser voire même épuiser notre trésorerie, résultat d'années de travail et d'économies. En cela c'est assez difficile psychologiquement. Nous, comme énormément d'autres n'avons pas de revenus.
Nous avons été touchés par la démarche de nos voisins Bestown qui dès le début du confinement nous ont demandé si nous voulions cuisiner afin qu'ils distribuent des repas durant des maraudes à Battant. Nous avons donc réalisé des plats trois fois par semaine à partir de récup, à partir de choses provenant de notre stock et aussi de dons et nous sommes très heureux de cette démarche.
Nous avons toujours mis en avant le locavorisme et la conscience écologique. Nous espérons que cet événement va éveiller les consciences, de tout le monde, consommer moins, mais mieux, consommer ce qui est proche de nous, est-ce bien raisonnable aujourd'hui de manger de la souris d'agneau de Nouvelle-Zélande ? Dans le monde de demain, nous voulons apporter encore plus de transparence à nos clients, nous avons donc décidé, car nous n'avons plus qu'un seul salarié à mi-temps, de fonctionner juste sur la livraison et éventuellement sur l'emporter sur commande.
D'une part, car nous voulons continuer à travailler avec nos fournisseurs, et d'autre part, car nous aimerions nous lancer d'autres défis, comme celui de la cantine vagabonde, projet que nous avions essayé de mettre en place, mais qui nécessitait du temps et de la réflexion. Cette démarche nous la menons au travers de notre réflexion et de notre questionnaire pour bien comprendre les besoins de nos clients, taper au plus juste et construire encore quelque chose qui intègre le local et l'anti gaspi..."
Du côté de la rue Bersot, le restaurant "La pension" :
Violette, cogérante : "Il est évident que cette situation est inédite et que son impact n’est pas anodin. La décision du gouvernement de nous obliger à fermer nos établissements a été brutale et perturbante psychologiquement. L’aspect financier est ensuite apparu. En ce qui nous concerne, nous travaillons exclusivement du produit frais, de ce fait, toute notre marchandise a été perdue d’autant que le confinement a été annoncé ensuite.
Les employés sont au chômage partiel. Nous avons tout mis en œuvre pour limiter leur baisse de salaire, mais l’impact est tout de même présent. Quant à nous, dirigeants, rien n’a été prévu pour garantir notre rémunération. Notre CA a connu au mois de mars une baisse de 70%.
Quant à la sortie du confinement, je pense que celle-ci va être compliquée, car elle va nécessiter une réorganisation complète de notre métier, mais elle va également engendrer une perte de CA du fait des normes de distanciations sociales. Je crains que les licenciements soient nombreux dans un corps de métier qui recrute habituellement sans cesse.
En revanche, cette crise nous oblige aussi à nous réinventer, car les modes de consommation vont évoluer. Les craintes des consommateurs seront indéniables. Nous qui nous battons depuis cinq ans pour le « bien manger », j’espère que les mentalités évolueront dans ce sens".
Du côté des bars (qui n'ont pas pu fêter la Saint-Patrick) : Le Kilarney Pub
Xavier Racine, le gérant : "La situation est figée depuis le 14 mars à minuit, avec une baisse de chiffre d’affaire sur le mois de mars de 67%, sachant que celui-ci est important avec la St Patrick. Je n’ai rien mis en place , seulement mettre le bar en situation de dormance ( électricité, coupure des réseaux). Les quelque 250 litres de bière normalement attendus sur un jour représentent une part importante du C.A. du mois (à peu près 7%). La perte est importante dans la mesure ou les fûts entamés (et ils sont nombreux chez moi) sont perdus vu la durée de la fermeture. Cette perte ajoutée à quelques pertes de nourritures et autres s’élève à environ 1.500 euros.
Il m’est très difficile d’envisager une reprise, d’autant que l’autorisation de réouverture des commerces tels que le mien n’est pas encore actée dans le temps ni dans la forme. Je ne prépare rien de particulier à l’heure actuelle sur cette ouverture, même si j’imagine quelques idées qui me serviront peut-être ultérieurement, c’est à dire probablement après le 11 mai, ou après des informations plus précises présentées par le gouvernement. Je me plie naturellement à cette fermeture et ce confinement en ayant une pensée aux personnes qui œuvrent pour la vie des personnes touchées ainsi que pour le bien de toute la population".
Et pour les boites de nuit ? Le Teasing
Du côté des établissements de nuit, c'est le même topo. "Nous sommes tous dans le même panier", lance Cédric Constantin, un des trois gérants du Teasing. "Nous continuons à payer des loyers, des charges... Notre trésorerie fond petit à petit. Nous avons avancé des salaires et nous n'avons pas été remboursés pour l'instant. Vu qu'il y a souvent des petites lignes dans les annonces du gouvernement, on se dit qu'on aura peut-être des surprises.
Nous avons annulé tous nos événements. Des choses étaient dans les tiroirs, mais rien n'était validé, heureusement. Quand nous avons vu la situation en Italie, nous avons laissé tomber plusieurs idées. Il fallait sinon avancer 5, 6 voir 7.000 euros pour les cachets, car il faut financer à 50 % quand on signe le contrat pour les shows case (coût total entre 10 à 15.000 euros).
Dans notre domaine, les mois de juillet et août sont plutôt calmes, car les gens partent en vacances et le mois de mars et avril sont plutôt bons. Là, c'est perdu. Avec le temps qui passe, on se dit que le 11 mai et même après, on ne nous rouvrira pas. On ne peut pas ouvrir une boite de nuit avec des imites de distanciation de 1m50... Tant qu'il n'y a pas de vaccin ou de traitement, cela va être compliqué pour nous, je pense. Nous sommes très inquiets".