Hercule pourrait se traduire par une scission du groupe en trois entités. Une entreprise publique (EDF bleu) chapeauterait les centrales nucléaires et le réseau de transport. Une autre (EDF vert) réunirait les activités commerciales, la distribution d'électricité et les énergies renouvelables. Elle serait cotée en Bourse, permettant d'attirer des investisseurs pour développer l'éolien et le solaire. Une troisième entité (EDF azur) pourrait enfin coiffer les barrages hydroélectriques.
Le gouvernement et la direction d'EDF insistent sur le fait que le groupe doit rester malgré tout intégré, avec une stratégie unique, des synergies entre les différentes entités et un même statut des salariés. Mais nombre de détails importants restent à préciser.
EDF est actuellement très endetté et doit en même temps investir lourdement pour prolonger la vie de son parc nucléaire et se développer dans les énergies renouvelables afin de rattraper ses concurrents. Or le groupe est actuellement handicapé par un mécanisme qui le contraint de vendre une partie de son électricité nucléaire à bas prix à ses concurrents. La France voudrait revoir ce prix à la hausse pour qu'EDF soit mieux rémunéré.
Mais il faut convaincre la Commission européenne, qui veille à la bonne concurrence en Europe. Elle veut notamment éviter des "subventions croisées", par exemple qu'un coup de pouce au nucléaire bénéficie à d'autres activités d'EDF au détriment de ses concurrents. D'où la réflexion sur de nouvelles formes d'organisation des activités.
Un autre problème ancien concerne l'hydroélectricité : la Commission a mis en demeure la France il y a des années d'ouvrir à la concurrence ses concessions échues. Le gouvernement réfléchit à les protéger en leur donnant par exemple un statut de "quasi-régie" publique.
La position de la majorité de la Ville de Besançon
Les élu.e.s des groupes écologiste, socialiste, communiste, Génération.s et À gauche citoyens de la ville de Besançon affirment s'opposer à une restructuration "à marche forcée d’EDF sans un vaste débat public préalable qui définisse les objectifs et la stratégie française pour l’électricité".
Selon la majorité, "L’entreprise ainsi désintégrée entrainerait un rattachement à l’État de la partie d’EDF nécessitant des investissements très lourds et sur le long terme. À contrario, les entreprises de la branche des industries électriques les plus rentables de par leurs revenus garantis comme ENEDIS et EDF ENR seraient partiellement privatisées".
Les élus écologistes et de gauche s'interrogent "sur les conséquences d’une privatisation partielle d’EDF."
Ils estiment que "tout projet de réorganisation d’EDF doit intégrer à minima la question de la sobriété énergétique pour réduire drastiquement nos consommations d’énergie". Ils pensent également que "nous devons donner les moyens à notre pays d’une véritable ambition pour les énergies renouvelables" et rappellent que "l'énergie électrique et son accès, font partie des besoins essentiels, et à ce titre, doivent être gérés démocratiquement". Les élus de majorité bisontine estiment que "les barrages ne sont pas des biens comme les autres, et qu’ils ne doivent pas être soumis aux règles de la concurrence" et s'inquiètent par ailleurs "des incidences sur l’égalité de desserte, que ce soit sur les territoires ruraux ou urbains et du devenir de la péréquation tarifaire."
Les signataires du communiqué font le choix "d’un véritable projet de société, par un véritable service public de l’énergie dont la gouvernance doit inclure les élus de la République, les citoyens et les salariés pour une réponse aux besoins des usagers, pour un développement humain durable, pour un fonctionnement économique du pays pérenne et pour une véritable solidarité énergétique".
Ils demandent l’organisation d’un "véritable débat public sur l’avenir du secteur énergétique et ses moyens d’investissement au service de la Nation et la création d’une commission sur l’avenir d’EDF à laquelle seront associées les collectivités. "
En l’état, les élu.e.s des groupes écologiste, socialiste, communiste, Génération.s et À gauche citoyens de la ville de Besançon s'opposent au projet "Hercule" tel que présenté et demandent au gouvernement de "préserver le service public de l’énergie dans son intégralité."