Selon le classement réalisé à partir des données du ministère de l’Intérieur, Besançon est sur la 3e marche du funeste podium, après Saint-Denis (1er) et Toulon (2e) mais avant Marseille est 4e, Paris 10e, Lyon 26e, Dijon 28e, et Grenoble (38e), ce qui interpelle.
”Des statistiques qu’il faut lire avec une certaine forme de prudence”
Lors d’une conférence de presse le 21 février dernier sur le plan d’action pour la sécurité du quotidien dans le département du Doubs, le préfet, Rémi Bastille, avant d’annoncer les chiffres sur le narcotrafic, avait fait une courte aparté sur les dernières données du ministère de l’Intérieur et le classement de Ouest France.
”On a effectivement une augmentation statistique des mises en cause pour trafic de stupéfiant dans le département du Doubs, des statistiques qu’il faut lire avec une certaine forme de prudence”, avait-il précisé. ”Parce que les mis en causes, ça se traduit d’abord avec l’action des forces de l’ordre : quand on découvre une infraction, on fait augmenter les statistiques liées au nombre de mis en cause, donc cette augmentation reflète l’engagement réelle des forces de l’ordre sur cette question-là et tout le monde sait que dans le Doubs, depuis de nombreuses années, l’effort est mis sur ce thème-là (…) mais ça fait augmenter inévitablement le nombre de mis en cause”.
Par ailleurs, Rémi Bastille, sur la dimension de qualifications retenues par le parquet dans les procédures, avait expliqué qu’”en fonction des habitudes locales, elles peuvent conduire à des déformations statistiques en fonction du choix des parquets, donc il faut prendre avec une certaine mesure ces statistiques”.
Toutefois, le préfet avait assuré que malgré une lecture prudente des données du ministère de l’Intérieur, ”nous savons que dans le département, et en particulier à Besançon, nous avons une problématique lourde de trafic de stupéfiant, ce qui nous a amené à conduire plusieurs opérations - place nette - et qui avaient donné des résultats importants à la fois sur des faits, des saisies et de mis en cause.”
”C’est une lecture un peu rapide des chiffres (…) Attention à ne pas faire de raccourcis !”
De son côté, le procureur, lors de sa conférence de presse de ce mercredi, rappelle que ce classement réalisé avec les données du ministère de l’Intérieur est basé sur la proportion de personnes mises en cause pour trafic de stupéfiant pour 1.000 habitants. À Besançon, on compte donc 2,96 mis en cause pour 1.000 habitants pour trafic de stupéfiant.
”Cette lecture un peu rapide des chiffres laisse à penser que vraiment, à Besançon, il y a des trafics de stupéfiants beaucoup plus importants que dans d’autres métropoles”, déplore Etienne Manteaux, "il y a une réalité d'un marché très dynamique à Besançon, mais de là à dire que nous sommes sur le podium des villes les plus exposées au trafic de stupéfiant, là je dis attention à ne pas faire de raccourcis."
Tout comme le préfet du Doubs, le procureur affirme que ”ce qui explique principalement ces chiffres, c’est avant tout qu’à Besançon, il y a une politique pénale et un dynamisme des services d’enquête tout particulier dans la lutte contre les nacrotrafics”. Pour illustrer ses propos, le procureur a dévoilé quatre affaires qui se sont déroulées en moins d’une semaine à Besançon et son agglomération. Des affaires avec une très importante quantité et une grande diversité de drogues.
Quatre grosses affaires de narcotrafic à Besançon en moins d’une semaine
La première date de mercredi 19 février 2025, rue des Montboucons à Besançon, au cours de laquelle un individu a été interpellé dans le cadre de livraisons à domicile de produits stupéfiants. À son domicile et dans sa voiture, ont été retrouvés par les enquêteurs : 310 grammes d’héroïne, 175 grammes de résine de cannabis, 36 grammes de cocaïne et 6.665€ en numéraire pour un coût à la revente de 17.600€ .
La deuxième affaire date également du 19 février, rue Fabre à Besançon : un individu, venant ravitailler des revendeurs-livreurs de Haute-Saône qui ”arrondissent leurs fins de mois” avec cette activité, a été interpellé. Chez lui, les forces de l’ordre ont trouvé : 11.335€ en numéraire, 1,2 kg de résine de cannabis, 120 grammes d’héroïne, 70 grammes de cocaïne, 386 cachets d’ecstasy, un pistolet de calibre 7.65 et ses cinq munitions. Coût de revente total des produits stupéfiants : 30.695€ (en comptant l’argent retrouvé).
La troisième affaire s’est déroulée deux jours plus tard, le 20 février, rue de Vesoul à Besançon. Les enquêteurs du commissariat de Besançon ont trouvés 8,4 kg de résine de cannabis, 3,3 kg d’herbe de cannabis, 1,350 kg de cocaïne, 408 cachets d’ecstasy, 870€ en numéraire, pour un coût global à la revente s’élevant à 172.650€ si les produits ne sont pas coupés.
Enfin, la quatrième affaire s’est déroulée en zone gendarmerie dans l’agglomération de Besançon le 24 février. Les gendarmes ont trouvé chez un trafiquant de stupéfiant 13.000€ en numéraire, 13 kg de résine de cannabis, 7,8 kg d’héroïne, 2,4 kg de kétamine, 175 grammes de cocaïne, 1,5 kg de produits de coupe et un pistolet Colt 45 et une centaine de munitions de 11.43.
Au total, les forces de l'ordre de Besançon et son agglomération ont, en cinq jours, saisis l'équivalent de 550.695 € en numéraire et principalement en produits stupéfiants.
Besançon est ”une plateforme inter-régionale” de la drogue
En commentaire sur ces quatre affaires très rapprochées, Etienne Manteaux a souhaité démontrer ”un vrai volontarisme” et souligner un travail ”absolument remarquable” des enquêteurs. ”Je tiens à dire que ce classement traduit avant tout une détermination et une action des forces de l’ordre démontrées par les dossiers de la semaine dernière avec des chiffres questionnant” et d’ajouter : ”On est sur le podium en terme d’efficacité dans la lutte contre les narcotrafiquants.”
Toutefois, le procureur ne minimise pas l’attractivité de Besançon dans le trafic et l’usage de stupéfiants : ”Besançon est une plateforme régionale voire inter-régionale, on trouve des francs-suisses, des consommateurs de Châlon…, Besançon est perçue comme un lieu où les stupéfiants sont de bonne qualité et moins chers qu’ailleurs.”