Beaujolais nouveau : un bon millésime mais une tradition qui se perd

Ça y est il est là ! En ce troisième jeudi du mois de novembre, le Beaujolais nouveau est désormais disponible à la vente. Nous avons voulu savoir quel goût avait ce millésime 2022 et pour cela nous sommes allés demander l’avis des cavistes de la maison Barthod, rue Bersot à Besançon.

© Elodie R

D’après Sébastien, caviste, le Beaujolais nouveau de cette année est "toujours fruité, mais un peu plus corsé que d’habitude car l’année 2022 a été une année chaude et très sèche". La sècheresse de cet été aura au moins permis ça, le vin primeur est "gourmand avec un peu plus de matière, c’est un joli millésime". 

On s’est tout de même risqué à la question facile… "Alors est-ce qu’il a le goût de banane cette année ?". Réponse : "Absolument pas ". Ouf. "C’est arrivé une fois, il y a une quinzaine d’années et depuis les gens ont toujours l’impression de retrouver le goût de la banane alors que non, il a surtout des notes de fruits rouges", nous explique le caviste. 

Une mode très éphémère 

Si le goût reste sensiblement le même d’années en années, il y a une chose qui a bien changé selon la maison Barthod, "c’est une tradition qui se perd en France". Si la dégustation le jour-même est toujours au rendez-vous, les ventes ne reflètent pas l’engouement d’il y a quelques années. "Avant, le Beaujolais nouveau c’était pour nous le déclencheur des fêtes de fin d’année. On en vendait jusqu’à Noël. Maintenant, ce n’est plus que sur deux, trois jours voire une semaine, c’est devenu une mode très éphémère". 

Des ventes en baisse

Alors quand on leur demande d’où vient le problème, l’explication semble difficile : "Je ne sais pas. Les médias en parle moins, on a plus entendu parlé d’Halloween que de Beaujolais cette année. Et puis il y a aussi la législation qui est plus compliquée", nous confie Sébastien, "sans parler de la peur du gendarme", ajoute le gérant Franck Barthod. 

En évoquant cela, ce dernier nous montre une photo du magasin des années 70 sur laquelle on aperçoit un grand nombre de personnes célébrer l’arrivée du Beaujolais nouveau. À l’époque, les ventes aussi étaient belles, "il y a encore quelques années on chargeait environ 7/8 palettes de 600 bouteilles. Maintenant on n’est plus qu’à une palette". 

La boutique de la maison Barthod dans les années 70/80, en train de fêter l'arrivée du Beaujolais nouveau. © Elodie R

Un premier aperçu gustatif de la saison

Le Beaujolais nouveau souffre, il est vrai, encore d’une image très négative alors qu’il engendre pourtant chaque année convivialité et festivité. Il faut donc le prendre comme il est. Pour Sébastien, "c’est avant tout un vin sympa que l’on déguste le jour J avec les copains". Pour Franck Barthod il s’agit surtout du vin "qui nous donne un premier aperçu du thème gustatif de la saison." 

Voisine de l’épicerie depuis 35 ans, Michelle, elle aussi a envie de se faire une idée de ce que pourrait valoir le vin cette saison ce jeudi en fin de matinée. Alors comme tous les ans, elle est présente dans la boutique pour venir chercher sa bouteille de Beaujolais nouveau. Sa bouteille, à la main, elle nous confie l’ouvrir très prochainement quand elle recevra du monde car "c’est une tradition qui se perd, mais il faut pourtant continuer de le fêter sinon on ne fêtera bientôt plus rien !" nous lance-t-elle.

Et sinon pas d’inquiétude, "pour moi, je trouve qu’il est toujours meilleur au printemps de l’année d’après", nous confie Sébastien.

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