La fin d’année approche, les conseils de classe sont terminés et "les problèmes" que le collectif a pointé depuis l’annonce de la réforme "se concrétisent", est-il précisé. Selon le collectif, le nouveau lycée Blanquer, tel qu’il a été présenté aux élèves et à leurs parents, c’est « un lycée qui offre plus d’accompagnement et plus de choix. » Dans la réalité, voici comment se traduisent les propos du ministre pour le collectif :
Au lycée Pasteur
- "Les élèves de seconde qui demandent des spécialités telles que musique, arts plastiques, cinéma, allemand, ou encore grec, ont été avertis lors des conseils de classe du 3e trimestre que leurs vœux ne seraient peut-être pas satisfaits, non pas parce qu’ils n’ont pas les résultats suffisants, mais car ces spécialités risquent de ne pas ouvrir faute de candidats. Ces élèves ont donc été invités à élargir leurs vœux. ?
- Quant aux élèves demandant une spécialité qui n’est pas enseignée à Pasteur, ils ont été avertis qu’ils n’étaient pas garantis une place dans ces spécialités, non pas parce que leurs résultats ne le leur permettent pas, mais parce que les élèves déjà scolarisés dans le lycée enseignant la spécialité sont prioritaires sur les lycéens venant d’un autre établissement. Les élèves concernés ont donc été incités à élargir leurs vœux au détriment de leurs “appétences” sans quoi ils risquent fortement de se retrouver sans affectation". ?
"Au lycée Pergaud
- "Une quinzaine d’élèves demandent des spécialités artistiques pour la classe de 1e générale. Or, La mutualisation initialement prévue entre Pergaud et Pasteur n’aura finalement pas lieu. Ces élèves vont-ils être encouragés à modifier leurs vœux ? Vont-ils demander à s’inscrire en classe de 1e générale au lycée Pasteur ? Vont-ils être acceptés dans la mesure où ce n’est pas leur lycée de secteur ? Et au final, le lycée Pasteur va-t-il proposer ces spécialités ? Au 14 juin, nous n’avons aucune réponse à ces questions. ?La liberté de choix tant vantée par Jean-Michel Blanquer se heurte donc aux contraintes budgétaires imposées par le ministère". ?
Perte des classes
- "En effet, le nombre très réduit des heures attribuées à chaque lycée pour pouvoir fonctionner l’an prochain, oblige le remplissage au maximum (35 élèves) de chaque classe. 1 ou 2 élèves de plus ou de moins décident de l’ouverture ou de la fermeture d’une classe. Plusieurs lycées bisontins risquent pour cette raison de perdre des classes. ?Dans l’un des 5 lycées, l’administration appelle actuellement les parents d’élèves qui ont privilégié la voie technologique ou professionnelle pour convaincre les familles de modifier leur vœu d’orientation.
- L’argument présenté est que leur enfant est capable de réussir en 1e générale même si les résultats obtenus en classe de seconde sont très fragiles. Le but de cette manœuvre est d’éviter la fermeture d’une classe de 1e générale mais surtout il met en évidence que l’accompagnement des élèves, point ? d’orgue de cette réforme, n’est qu’un leurre et que ceux-ci ne sont que des variables d’ajustement.
- "Très concrètement, ce que nous savons aujourd’hui, c’est qu’au lycée Ledoux, il y aura sans doute la perte d’une classe de 1e générale tandis qu’au lycée Pergaud, ce sont plusieurs classes technologiques qui ne vont pas ouvrir l’an prochain.?Les 3 autres lycées n’ont pas encore donné d’information à ce sujet.
Il apparaît donc bien que l’intérêt des lycéens n’est pas une priorité et que les chefs d’établissement tentent, tant bien que mal, de mettre en œuvre cette réforme sans considérer les aspirations des jeunes et de leurs familles. La logique managériale prévaut. Il faut coûte que coûte faire fonctionner la machine à la rentrée"
Les budgets...
- "Ce fonctionnement aura également un coût supplémentaire pour les familles.? Le 22 mai dernier, lors d’une visite au lycée Jules Haag, M. Stéphane Guiguet, vice- président de la région Bourgogne-Franche-Comté a affirmé que la région allouera 20 euros par élève pour le renouvellement des manuels scolaires. Rappelons ici que les programmes des classes de seconde et de 1e changent à la rentrée, que de nouveaux enseignements apparaissent et que les anciens livres seront totalement obsolètes. Qui financera le remplacement des manuels scolaires quand l’on sait qu’un seul livre coûte entre 25 et 30 euros et que les manuels numériques, s’ils sont moins onéreux (8€ l’unité), nécessitent un équipement coûteux ??Par ailleurs, lors de cette même réunion, M. Guiguet a rappelé que la Région n’a pas budgétisé de crédits pour l’agrandissement des salles suite à l’augmentation des effectifs dans les classes pour cause de réforme Blanquer.
- En outre, la Région ne financera pas de transport le mercredi en fin d’après-midi dans le cas où des cours aient lieu pendant cette demi-journée.?Il a aussi rappelé que les Régions ont alerté le ministre au sujet de toutes ces difficultés dès l’automne 2018 mais que ce dernier n’a pas daigné les écouter.
Le collectif a tenu à préciser que l'objectif n'était pas de "pénaliser" les élèves mais les "empêcher d’avoir le bac comme on peut l’entendre ici ou là". Ils souhaitent rappeler que "jamais dans l’histoire, des élèves ou des étudiants n’ont pas pu passer leurs examens. Des solutions sont toujours trouvées".
(Communiqué du collectif Inter-lycées)
Info +
- Une action est prévue ce lundi matin devant le lycée Pergaud par le collectif Inter-lycées.