Sujets de la série technologique
Sujet 1
L’art nous apprend-il quelque chose ?
Sujet 2
Transformer la nature, est-ce gagner en liberté ?
Sujet 3
Il est un degré de négligence qui paraîtrait mériter une punition quoique cette négligence n’occasionne aucun dommage à personne. Si une personne jetait une grosse pierre dans une voie publique du haut d’un mur sans en avertir les passants et sans regarder où elle pourrait tomber, elle mériterait certainement une punition. Une police vraiment exacte châtierait une action si absurde, même si elle n’avait fait aucun mal. La sécurité des autres. Il y a une injustice réelle dans cette conduite. Cette personne expose inconsidérablement son prochain à ce qu’aucun homme de bon sens ne voudrait risquer : de toute évidence elle manque du sens de ce qui est dû à ses semblables, et qui est la base de la justice et de la société. Une négligence grossière est donc, selon la loi, presque l’équivalent d’un dessein malveillant. Quand des conséquences malheureuses découlent d’une telle insouciance, la personne qui en est coupable est souvent châtiée comme si ces conséquences avaient réellement été dans son intention : sa conduite qui était seulement insouciante et insolente, et qui méritait punition, est considérée comme atroce et passible du châtiment le plus sévère. Si une personne en tue accidentellement une autre par l’action imprudente mentionnée ci-dessus, elle est, selon les lois de nombreux pays, et notamment la vieille loi d’Écosse, passible du châtiment suprême. Bien que ce soit sans nul doute excessivement sévère, ce n’est pas du tout contraire à nos sentiments naturels. Notre juste indignation contre la folie et l’humanité de cette conduite est exaspérée par notre sympathie avec l’infortuné qui en souffre. Rien, pourtant, ne choquerait plus notre sens naturel de l’équité que de mener un homme à l’échafaud simplement pour avoir jeté avec insouciance une pierre dans la rue, sans faire de mal à personne.
Adam Smith, Théorie des sentiments moraux (1759)
Sujets de la série générale
Sujet 1
Le bonheur est-il affaire de raison ?
Sujet 2
Vouloir la paix, est-ce vouloir la justice ?
Sujet 3
Le bricoleur est apte à exécuter un grand nombre de tâches diversifiées ; mais à la différence de l’ingénieur, ile ne subordonne pas chacune d’elles à l’obtention de matières premières et d’outils, conçus et procurés à la mesure de son projet : son univers instrumental est clos, et la règle de son jeu est de toujours d’arranger avec les ”moyens du bord”, c’est-à-dire un ensemble à chaque instant fini d’outils et de matériaux, hétéroclites au surplus, parce que la composition de l’ensemble n’est pas en rapport avec le projet du moment, ni d’ailleurs avec aucun projet particulier, mais est le résultat contingent de toutes les occasions qui se sont présentées de renouveler ou d’enrichir le stock, ou de l’entretenir avec les résidus de constructions et de destructions antérieures. L’ensemble des moyens du bricoleur n’est donc pas définissable par un projet (ce qui supposerait d’ailleurs, comme chez l’ingénieur, l’existence d’autant d’ensembles instrumentaux que de genres de projets, au mois en théorie) ; il se définit seulement par son instrumentalité, autrement dit, et pour employer le langage même du bricoleur, parce que les éléments sont recueillis ou conservés en vertu du principe que ”ça peut toujours servir”. De tels éléments sont donc à demi particularisés : suffisamment pour que le bricoleur n’ait pas besoin de l’équipement et du savoir de tous les corps d’état* ; mais pas assez pour que chaque élément soit astreint à un emploi précis et déterminé. Chaque élément représente un ensemble de relations, à la fois concrètes et virtuelles ; ce sont des opérateurs, mais utilisables en vue d’opérations quelconques au sein d’un type.
Lévi-Strauss, La Pensée sauvage (1962)
*”corps d’état” : corps de métiers
Les résultats sont attendus le 4 juillet.