De nouveaux actionnaires, de nouveaux dirigeants, moins de dette... Et moins de magasins. A l'issue de la restructuration de la dette du groupe Casino, le distributeur d'origine stéphanoise plus que centenaire aura subi des changements de grande ampleur. Il doit passer sous le contrôle, à horizon mars/avril, des milliardaires Daniel Kretinsky et Marc Ladreit de Lacharrière, adossés au fonds d'investissement Attestor.
C'est ce "consortium" de repreneurs qui permet le sauvetage d'un groupe à la dérive, en apportant une large partie (925 millions d'euros) de l'argent frais (1,2 milliard d'euros) devant servir à faire face aux échéances et à relancer l'activité. En échange, la dette massive du groupe doit être écrasée très significativement. Les actionnaires actuels, à commencer par Jean-Charles Naouri, PDG pour encore quelques semaines, seront massivement dilués.
Mi-janvier, ces actionnaires ont largement avalisé ce plan, de même que les créanciers dont les plus importants d'entre eux avaient déjà donné leur accord de principe à l'été 2023. Ils ont ainsi acté des pertes significatives pour chacun d'entre eux, mais ils n'avaient guère le choix: il s'agissait de "l'unique solution sur la table permettant de viabiliser" le groupe, comme l'avait rappelé une des administrateurs judiciaires à son chevet, Aurélia Perdereau.
"Avis défavorable"
Pour les salariés aussi, la potion est amère. Le 31 janvier, le comité social et économique central de Casino France a émis à l'unanimité un "avis défavorable" sur le plan de sauvegarde accéléré du groupe.
L'intersyndicale du groupe (FO, CGT, CFDT, UNSA, CFE-CGC) a regretté dans un communiqué que ce plan ne comprenne "aucun volet social", alors qu'il prévoit "une cession de la moitié de l'activité et un ajustement de la taille des effectifs du siège social et de la chaîne d'approvisionnement".
Les syndicats du groupe envisagent une action en justice, sauf "si la direction actuelle et le consortium se mettent autour de la table pour dire oui, effectivement, on va quand même négocier", sur des "indemnités supralégales" ou des plans de départs volontaires, a déclaré lundi matin l'une des porte-parole de cette intersyndicale, Nathalie Devienne (FO), sur BFM Business.
Plus de 12.800 personnes sont concernées par un transfert de magasins
Casino doit se délester en cours de route de bon nombre de magasins. En France, 288 magasins de grande taille, super et hypermarchés, vont passer entre les mains d'Intermarché, Auchan, et Carrefour en 2024. Plus de 12.800 personnes sont concernées par un transfert de magasins, sur les 50.000 que le groupe Casino comptait encore en France fin 2022 sous ses différentes enseignes (dont Monoprix et Franprix).
Les représentants des salariés craignent 5 à 6.000 suppressions d'emplois dans les fonctions support, administratif ou logistique, en conséquence de cette forte réduction du parc de magasins. En outre, "il y a 26 magasins qui n'ont absolument pas de repreneurs", a déclaré lundi matin Mme Devienne. "Ca correspond quand même à 1.200 personnes qui, aujourd'hui, n'ont pas d'emploi. On ne sait pas ce qu'ils vont devenir".
Les représentants du personnel ont prévu de faire le déplacement à Paris pour l'audience au tribunal de commerce lundi. De source syndicale, elle doit se tenir en début d'après-midi. Le plan devrait sauf surprise être validé par le tribunal, qui a théoriquement jusqu'à la fin de la période de sauvegarde accélérée, le 25 février, pour se prononcer, ont précisé lundi à l'AFP deux sources au fait du dossier.
Casino a indiqué vendredi soir que l'ensemble des conditions, notamment une autorisation de la Commission Européenne au titre de la réglementation sur les subventions étrangères, étaient désormais remplies.
Les diverses augmentations de capital doivent ensuite avoir lieu en mars et une assemblée générale des nouveaux actionnaires devra dans la foulée statuer sur la nouvelle composition du conseil d'administration.
(Source AFP)