"Le lieu m'a inspiré", explique à l'AFP Jean-Baptiste Boyer, qui a effectué plusieurs résidences au château du comte Bussy-Rabutin (1618-1693). "Tout comme ce personnage assez rebelle", ajoute-t-il. Le comte, qui a transformé ce château fort pour en faire un bijou de la Renaissance, était un cousin de Madame de Sévigné. Courtisan en vue, il a été exilé en Bourgogne pour avoir dévoilé les galanteries des grands de son temps dans "L'Histoire amoureuse des Gaules".
Assoiffé de vengeance, le courtisan en disgrâce a fait de son château une série de galeries de 300 tableaux et peintures qui se moquent de la cour et des nobles. Se jouant de cette histoire, Jean-Baptiste Boyer fait à chaque fois résonner ses oeuvres avec la salle patrimoniale dans laquelle elles sont exposées.
Ainsi, dans celle "des grands hommes", destinée aux illustres de l'époque Louis XV, Jean-Baptiste Boyer expose trois portraits représentant "des grands hommes mais de notre temps, des jeunes": pianotant sur un smartphone, en sneakers et le cheveu libéré. Dans la galerie des "hommes de guerre", il peint un chevalier mais contemporain. Son épée est médiévale, mais il est en Converse, son armure est un gilet couvert de badges et son heaume une casquette.
"C'est un vrai dialogue, comme si on se nourrissait mutuellement", résume le portraitiste contemporain reconnaissable à ses tatouages recouvrant jusqu'au haut de son cou.
"Jean-Baptiste est parfaitement en résonance avec le décor du château", se félicite Edward de Lumley, directeur du développement culturel des Centres monuments nationaux (CMN), dont dépend le château. "Ce n'est pas seulement un accrochage de tableaux dans un lieu patrimonial mais un dialogue avec le lieu", dit-il.
A 31 ans, Jean-Baptiste Boyer est l'un des artistes les plus prometteurs de sa génération, au "succès fulgurant", selon Laure Roynette, la galeriste parisienne qui le soutient. "J'ai organisé sa première exposition il y a cinq ans. Tout s'est vendu en quinze jours", se souvient-elle. "Il rencontre un public de son époque avec ses portraits de jeunes de sa génération".
Peintre autodidacte, il a appris son art "avec son grand-père", explique Mme Roynette. "Sa picturalité étonnante peut être rapprochée des lumières de Caravage, Velasquez ou Goya".
- "Portraits d'âmes", du 4 juin au 2 octobre 2022