Olivier Poubelle et Jules Frutos, qui possèdent 30% de la salle et plusieurs autres salles à Paris, précisent que l'actionnaire majoritaire, le groupe Lagardère, "souhaite la réouverture". "Jules et moi dirigeons le Bataclan depuis douze ans et nous voulons le rouvrir ensemble, avec l'équipe, qui souhaite aussi la reconstruction et dont aucun membre ne veut partir", précise Olivier Poubelle.
Un long chemin de croix
"Il y a un désir de Bataclan et de retrouvailles. Mais ce sera un long chemin de croix", souligne Jules Frutos. "La salle sera respectée, on ne va pas la détruire. Mais beaucoup de questions se posent", ajoute-t-il, notamment sur l'affectation du lieu, sa configuration, ses accès, le projet... Cette date éloignée marque malgré tout à quel point la salle a été touchée durement.
"Nous parlons aussi de tout cela avec les équipes de Lagardère, l'actionnaire majoritaire, qui souhaite la réouverture", ajoute Olivier Poubelle.
Pas de "génération Bataclan"
Les deux patrons du Bataclan, qui ont refusé tout entretien dans la foulée des attentats "pour ne pas rajouter à l'horreur" réfutent le terme de "génération Bataclan", souvent utilisé dans les médias. "Ca ne correspond à rien. C'est même impudique", relève Olivier Poubelle, qui rappelle qu'il "y a des profils différents, des âges différents, dix-sept nationalités parmi les victimes de tous les attentats. La seule chose à dire c'est qu'une joie de vivre a été assassinée".
"Génération Bataclan, c'est un copié-collé paresseux de la 'génération Charlie', un truc médiatique à la limite de l'irrespect qui vise à transformer l'événement en spectacle", s'insurge Jules Frutos. "Il y avait 1500 personnes dans la salle, c'est une toile d'araignée incroyable, on a tous quelqu'un qui connaît un blessé ou un mort", ajoute Olivier Poubelle.
Deux salariés décédés dans les attentats
Parmi les 70 personnes qui travaillent pour les salles gérées par les deux programmateurs, deux ont été tuées au Bataclan où elles "étaient au concert pour leur plaisir": une éclairagiste du Bataclan Nathalie Jardin et Thomas Duperron, le responsable de la communication de la salle La Maroquinerie. "Vingt personnes travaillaient ce soir-là au Bataclan et personne n'a été tué. Certains sont passés à dix centimètres de la mort", dit Olivier Poubelle.
Dans les autres salles gérées par le duo, "il y a du monde. Et un désir de musique plus fort que tout", souligne Jules Frutos.
(avec AFP)