Ce soir-là, un camion avait foncé sur la foule venue assister au feu d'artifice sur le littoral de cette ville touristique du sud-est de la France. Plus de 450 personnes ont été blessées dans cette attaque, la plus meurtrière commise dans le pays après celles du 13 novembre 2015 contre le Stade de France, le Bataclan et les terrasses parisiennes.
En l'absence de l'assaillant au volant du camion, Mohamed Lahouaiej-Bouhlel, tué par la police le soir de l'attentat, huit personnes de nationalité franco-tunisienne, tunisienne ou albanaise, dont une femme, comparaissent devant la cour d'assises spéciale de Paris, dans une salle spécialement construite pour le procès du 13-Novembre. L'audience, qui a commencé à 11h30 GMT, doit s'étirer jusqu'au 16 décembre.
Cette première journée est consacrée à l'interrogatoire d'identité des accusés et à l'actualisation des constitutions de partie civile. Elles étaient d'ores et déjà 865 avant le procès. Les premières paroles des accusés sont attendues mardi. Trois d'entre eux - Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Artan Henaj - comparaissent détenus, dont un (Artan Henaj) dans le cadre d'une autre affaire. Quatre autres - Maksim Celaj, Endri Elezi, Mohamed Ghraieb et Enkeledja Zace - ont été placés sous contrôle judiciaire et se présenteront libres devant la cour. Le huitième, Brahim Tritrou, sera jugé en son absence après avoir rompu son contrôle judiciaire. Selon son avocate, il se trouve actuellement détenu en Tunisie. Un mandat d'arrêt a été émis à son encontre par la justice française.
Trois accusés seulement (Ramzi Kevin Arefa, Chokri Chafroud et Mohamed Ghraieb) sont poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste. En état de récidive légale, le premier encourt la réclusion criminelle à perpétuité, les deux autres une peine de vingt ans de prison.
Pas de complicité
Pour l'accusation, ils auraient "apporté leur concours à la préparation" de l'attentat commis par Lahouaiej-Bouhlel. Ce Tunisien de 31 ans, chauffeur-livreur au caractère instable, était plus connu avant les faits pour des actes de violence, notamment contre son épouse, que pour sa proximité avec la mouvance jihadiste.
Aucun des accusés n'est poursuivi pour complicité d'assassinats ou tentative d'assassinats en bande organisée. L'enquête n'a pas permis de déterminer s'ils étaient au courant du projet d'attentat. L'accusation a toutefois souligné leur "très grande proximité" avec Lahouaiej-Bouhlel et estimé qu'ils étaient "pleinement conscients" de son adhésion "à l'idéologie du jihad armé" et de "sa fascination pour les passages à l'acte violents".
Selon le dossier d'accusation, ce n'est qu'une dizaine de jours avant l'attentat que le Tunisien a montré des signes de radicalisation, même s'il "s'était inscrit dans une démarche idéologique d'inspiration jihadiste plusieurs mois avant". Il n'était pas fiché pour radicalisation par les services de renseignement. Si l'EI a revendiqué l'attentat, l'enquête n'a pu établir aucun lien direct entre Lahouaiej-Bouhlel et l'organisation jihadiste. Cette revendication "paraît être davantage () de pure opportunité", conclut-elle.
(AFP)