Assassinat de Narumi : Nicolas Zepeda ne cède rien

Publié le 05/04/2022 - 18:44
Mis à jour le 06/04/2022 - 09:07

Malgré les cris d’épouvante, les images d’un rôdeur qui lui ressemble et sa jalousie maladive, Nicolas Zepeda a continué mardi, au sixième jour de son procès, de nier avoir assassiné son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki à Besançon en  décembre 2016. La journée de mercredi sera consacrée à l’audition des parties civiles.

 © MTPA
© MTPA

"Vous lui avez fait quoi à Narumi?", finit par attaquer frontalement Me Sylvie Galley, avocate de la famille de la victime, au bout de quatre heures d'un interrogatoire qui en durera sept au total. La réponse lapidaire du Chilien de 31 ans tombe immédiatement: "Rien".

"Alors qu'est ce qu'elle fait depuis cinq ans Narumi, si elle n'est pas morte?", insiste l'avocate. "J'aimerais bien le savoir", répond l'accusé, insaisissable et imperturbable.

Malgré une accumulation d'éléments à charge et de témoignages édifiants présentés aux jurés de la cour d'assises du Doubs ces derniers jours, Nicolas Zepeda a réfuté tout comportement suspect en amont de ses retrouvailles avec Narumi Kurosaki le 4 décembre 2016. Depuis, la jeune femme n'a jamais été revue, son corps n'a jamais été retrouvé.

Conservant son allure sérieuse, confortée par sa chemise et sa cravate serrée sur son col, le Chilien a répondu aux nombreuses questions avec une voix claire et ferme, mais aussi avec force circonvolutions et en reprenant régulièrement les interprètes qui assurent la traduction de l'espagnol au français.

"Est-ce que vous savez ce qu'est le déni, M. Zepeda?", lui lancera Me Randall Schwerdorffer, l'avocat d'Arthur Del Piccolo, petit ami français de l'époque de Narumi.

"Vous n'avouerez jamais"

L'avocat général Etienne Manteaux est revenu longuement sur tous les "mensonges" de Nicolas Zepeda. Point par point, il a souligné les incohérences de l'accusé, balayé les ambiguïtés et martelé les éléments à charge contre le Chilien qui est resté campé sur ses positions.

"M. Zepeda vous n'avouerez pas. Je suis persuadé que ce n'est pas votre intérêt , mais c'est votre droit", a-t-il fini par lâcher, visiblement énervé.

Dès le début de l'interrogatoire, le président de la cour Matthieu Husson avait confronté Nicolas Zepeda aux témoignages entendus lundi de deux étudiantes. Celles-ci l'ont formellement identifié comme étant l'homme qui se dissimulait dans la cuisine commune de la résidence universitaire de Besançon où Narumi Kurosaki logeait depuis l'été 2016.

"Je ne suis pas cette personne-là", a contesté le Chilien qui avait connu Narumi Kurosaki en 2015, à l'université au Japon, et avait mal vécu le départ de la jeune femme en France à l'été 2016 pour une année d'études à Besançon.

Depuis le début de son procès, Nicolas Zepeda a à peine varié sa version, celle de retrouvailles amoureuses, dont le souvenir l'a fait pleurer à l'audience, et d'un départ de Besançon le 6 décembre à l'aube, alors que Narumi était encore vivante. Tout juste a-t-il fini par admettre avoir fait preuve de "jalousie" à l'égard des nouvelles amitiés de l'étudiante en France et que son arrivée jusqu'au parking de la résidence étudiante n'était "pas un hasard". Des points que lui a fait confirmer mardi soir son avocate, Me Jacqueline Laffont.

Lundi, plusieurs étudiants qui occupaient des chambres proches de celle de Narumi Kurosaki ont décrit les "cris stridents" et le "râle" qui les avaient réveillés dans cette nuit du 4 au 5 décembre que Nicolas Zepeda reconnaît avoir passée avec Narumi.

De plus en plus de public

Seul et unique suspect, Nicolas Zepeda, a lui affirmé qu'il dormait et n'avait rien entendu. "Je pense qu'il faudrait continuer des recherches pour savoir ce qui s'est passé", a-t-il même suggéré. Des images de vidéosurveillance ont également révélé la présence d'un individu, portant cagoule et blouson noir, passé début décembre à treize reprises et prenant des photos à l'arrière de la résidence universitaire.

"Ce n'est pas moi", a réaffirmé l'accusé alors que la géolocalisation de sa voiture atteste qu'il se trouvait sur place. Autre question restée sans réponse: pourquoi s'est-il arrêté, avant et après son passage à Besançon, dans une zone boisée du Jura où, selon l'accusation, il se serait débarrassé du corps ? "Personne ne va là, sauf si on veut y aller exprès", a relevé le président de la cour.

Le président Matthieu Husson le confrontait à deux témoignages d'étudiantes entendues la veille et qui l'avaient formellement identifié comme celui qui se dissimulait dans la cuisine commune de la résidence universitaire de Besançon où Narumi Kurosaki logeait depuis l'été 2016.

L'épisode s'était produit quelques jours avant les retrouvailles entre l'étudiante japonaise et son ex-petit ami chilien, le 4 décembre. Narumi avait ensuite disparu et son corps n'a jamais été retrouvé. "La première fois que j’entre dans ce bâtiment, c’est avec Narumi", a-t-il maintenu, s'exprimant en espagnol et conservant son allure sérieuse, confortée par sa chemise et sa cravate serrée sur son col.

Depuis le début de son procès, il y a une semaine, Nicolas Zepeda laisse rarement poindre des signes d'émotion: il avait écrasé quelques larmes le premier jour face aux témoignages affectueux de ses parents venus du Chili et, jeudi, il a de nouveau pleuré en évoquant sa rencontre avec Narumi Kurosaki le 4 décembre, sur le parking de la résidence universitaire.

"Elle était surprise, elle était contente, c’est là que j’ai compris qu'on avait des choses à se dire", a-t-il déclaré.

En revanche, dès qu'il s'agit de s'expliquer sur les éléments qui l'accablent, Nicolas Zepeda retrouve son assurance. D'une voix claire et ferme, il répond, impassible mais avec force circonvolutions.

"Comme souvent, dans vos explications...", a soupiré le président de la cour.

"Râle"

Ces derniers jours, le jeune trentenaire, qui s'était mis en couple avec Narumi Kurosaki en 2015 au Japon, a fait face aux nombreux témoignages et éléments de l'enquête qui font de lui l'unique et principal suspect de ce qu'il qualifie toujours de "disparition".

La cour a examiné vendredi ses relevés téléphoniques ainsi que les données de géolocalisation qui, selon l'accusation, signent un piratage des réseaux sociaux utilisés par Narumi Kurosaki afin de convaincre ses proches qu'elle était toujours vivante après le 4 décembre.

Lundi, plusieurs étudiants qui occupaient des chambres proches de celle de Narumi Kurosaki ont décrit les "cris stridents" et le "râle" qui les avaient réveillés dans cette nuit du 4 au 5 décembre 2016 que Nicolas Zepeda reconnaît avoir passée avec Narumi. Un moment très douloureux pour la mère de l'étudiante qui, sur le banc des parties civiles, ne cesse de serrer contre elle le portrait de sa fille.

Prévu pour durer jusqu'au 12 avril, le procès de Nicolas Zepeda attire chaque jour de plus en plus de public au tribunal judiciaire de Besançon.

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

narumi

Procès Zepeda : la défense demande le renvoi du procès

La défense de Nicolas Zepeda a demandé ce lundi 18 décembre 2023 le renvoi du procès alors que le Chilien devait s'exprimer pour la première fois sur l'assassinat de Narumi Kurosaki dont il répond en appel devant la cour d'assises de la Haute-Saône, en raison de nouveaux éléments ne figurant pas  selon les avocats dans la procédure.

Zepeda, manipulateur “à la limite de la mythomanie”, selon un expert

Le Chilien Nicolas Zepeda, rejugé en appel pour l'assassinat de son ancienne petite amie japonaise Narumi Kurosaki, présente un profil "manipulateur", "à la limite de la mythomanie", selon les conclusions d'un expert présentées jeudi devant les assises de la Haute-Saône, objets d'une passe d'armes entre lui et la défense.

Procès Zepeda : des traductions compromettantes au coeur des débats

"Souvenirs différents" ou "explications biscornues" ? : Nicolas Zepeda et une témoin se sont opposés lundi 11 décembre 2023 devant les assises de la Haute-Saône autour de traductions de messages en japonais potentiellement compromettantes pour le jeune Chilien, rejugé en appel pour l'assassinat de Narumi Kurosaki.

Affaire Narumi : Nicolas Zepeda reconnaît finalement sa présence dans la résidence de la victime

"Je suis rentré dans cette résidence pour frapper à la porte de Narumi" Kurosaki : accusé de l'assassinat de cette étudiante japonaise en décembre 2016, Nicolas Zepeda a reconnu mercredi pour la première fois, sept ans après, sa présence dans le bâtiment ou vivait l'étudiante japonaise.

Justice

Une nouvelle magistrate et un vérificateur installés à la chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté

La chambre régionale des comptes Bourgogne-Franche-Comté a procédé jeudi 9 janvier 2025 à l’installation d’une nouvelle magistrate, Marina Albrecht, lors d’une audience solennelle présidée par Emmanuel Roux, président de la chambre. À cette occasion, un nouveau vérificateur, Fabrice Taillard a prêté le serment exigé pour l’exercice de ses fonctions.

La plainte contre la secrétaire fédérale du Parti socialiste classée sans suite à Besançon

Le 26 décembre dernier, la première secrétaire fédérale du PS avait été placée en garde à vue suite à dépôt de plainte de la part d’un homme de 70 ans qui avait été prélevé de 80 euros. Aucune charge n’a été retenue, la faute étant due à une erreur de saisie informatique, a-t-on appris ce 14 janvier 2025.

Faute médicale à la naissance : l’hôpital Nord Franche-Comté condamné à indemniser un homme handicapé

L'hôpital Nord Franche-Comté (HNFC), implanté près de Belfort, a été condamné à verser près de 1,5 million d'euros à un jeune homme lourdement handicapé depuis une faute médicale survenue lors de sa naissance en 1998, a-t-on appris mardi 7 janvier 2025 auprès du tribunal administratif de Besançon.

À Besançon, deux associations alertent sur le danger des pratiques de stationnements en ville

En 2020, les associations ''Trottoirs libres !'' et ''Association vélo Besançon'' ont saisi la ville de Besançon pour dénoncer les arrêts et stationnements illégaux sur trottoirs et bandes cyclables, en violation du code de la route et de la loi handicap de 2005. Le 17 décembre 2024, la Cour d'appel du Tribunal administratif a rendu son jugement : pas de condamnation pour la ville de Besançon.

Acheminée depuis le Portugal, la cocaïne était livrée chez un couple habitant à Vaire

L’affaire est partie d’un renseignement et a sollicité le recours du groupement de gendarmerie du Doubs et de la section de recherche de Paris étant donné la dimension internationale du dossier. Mercredi 4 décembre 2024, un couple a été interpellé et une perquisition a été effectuée à leur domicile. Deux autres personnes, impliquées dans le trafic, ont également été placées en détention provisoire.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 -2.21
peu nuageux
le 15/01 à 06h00
Vent
1.61 m/s
Pression
1033 hPa
Humidité
53 %