Assassinat de Narumi Kurosaki : l'heure de vérité pour Nicolas Zepeda

Publié le 21/12/2023 - 09:14
Mis à jour le 21/12/2023 - 09:14

Après quasiment trois semaines de procès, c'est l'heure de vérité pour Nicolas Zepeda : les assises de la Haute-Saône vont rendre leur verdict ce jeudi 21 décembre 2023 et dire si le Chilien, jugé en appel, est coupable de l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki.

 © Alexane Alfaro
© Alexane Alfaro

L'audience doit reprendre ce jeudi matin. La parole revenant en dernier à l'accusé, qui a continué de clamer son innocence lors de ce procès en appel. La cour se retirera ensuite pour délibérer. Elle ne devrait pas rendre son verdict avant plusieurs heures, concluant un procès qui a connu plusieurs moments d'intense émotion, notamment lors des témoignages déchirants de la mère et des deux soeurs de Narumi, qui ont dit à la barre leur deuil impossible en l'absence du corps de la jeune femme.

L'an passé, Nicolas Zepeda avait été reconnu coupable par les assises du Doubs de l'assassinat en décembre 2016 de Narumi, alors âgée de 21 ans, et condamné à 28 ans de réclusion. Mercredi, la réclusion criminelle à perpétuité, sans peine de sûreté, a été requise à l'encontre du Chilien de 33 ans par l'avocat général. Etienne Manteaux a aussi demandé une interdiction définitive de territoire une fois la peine purgée.

"Crédibilité anéantie"

"Tout conduit vers Nicolas Zepeda dans la mort de Narumi Kurosaki", a-t-il martelé dans son réquisitoire. Bien que le corps de l'étudiante japonaise n'ait jamais été retrouvé, le magistrat a insisté sur la "solidité des charges" à l'encontre de l'accusé. Tout au long de ce deuxième procès, durant lequel il s'est exprimé dans un excellent français, Nicolas Zepeda est souvent apparu en difficulté, peinant à se justifier sur de nombreux points du dossier ou sur ses revirements.

"Il a tellement menti dans ce dossier que la crédibilité de sa parole est anéantie", a estimé M. Manteaux. Nicolas Zepeda a ainsi concédé "quelques mensonges", reconnaissant par exemple s'être rendu en France pour rencontrer Narumi et renouer avec elle, alors qu'il prétextait jusqu'alors une rencontre fortuite avec son ex. Mais sur l'essentiel, à savoir sa culpabilité, il est resté inflexible : il n'a pas tué Narumi.

Des arguments qui n'ont pas convaincu les parties civiles, pas plus que l'avocat général, ce dernier voyant en M. Zepeda l'"auteur évident" du crime, "dévoré (...) par son délire de possession".

Dans la chambre universitaire de la Japonaise, dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, la jeune femme a sans doute refusé de reprendre le fil de leur relation, il l'a "étouffée" ou "étranglée" avant de se débarrasser du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages, selon le scénario proposé aux jurés par M. Manteaux.

"Doute"

"Je ne lui trouve aucune circonstance atténuante", a-t-il encore asséné, évoquant, à l'instar de l'avocate de la famille de Narumi, Sylvie Galley, le terme de "féminicide". En défense, Mes Renaud Portejoie et Sylvain Cormier ont critiqué l'enquête et tenté d'instiller le "doute" dans l'esprit des jurés en pointant les "zones d'ombre abyssales" qui peuplent selon eux le dossier, de même que le manque de preuves permettant à leurs yeux de déclarer leur client coupable.

Me Cormier a notamment esquissé l'hypothèse d'une possible disparition volontaire de Narumi Kurosaki, une jeune femme éventuellement "en rupture" avec sa famille.

Me Portejoie a exhorté les jurés à acquitter M. Zepeda, avançant un scénario alternatif, celui de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner : lors d'une dispute, la tête de Narumi aurait heurté un radiateur de sa chambre, lui causant un traumatisme crânien qui aurait pu entraîner une mort rapide. "Les crimes sans corps, c'est le vide" qui "alimente le fantasme", a-t-il estimé.

En cas de nouvelle condamnation, le Chilien, fils d'un ancien cadre d'une entreprise de télécoms, pourrait encore se pourvoir en cassation.

(Source AFP)

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