Avec la création de la "Nouvelle union populaire écologique et sociale", les protagonistes des longues négociations entre EELV et LFI ont clamé en choeur leur satisfaction dans les matinales radio et télé lundi matin.
C"'est exceptionnel mais c'est aux électeurs de rendre ça historique", avec une "victoire" aux élections législatives de juin, a déclaré sur BFMTV Julien Bayou, secrétaire national d'EELV. "Nous avons posé un premier acte très fort" à l'union de gauches bien plus souvent divisées, a-t-il salué.
"C'est historique parce qu'il n'y a jamais eu d'accord dans l'histoire entre EELV et LFI au niveau national pour des élections législatives", a souligné de son côté Manuel Bompard, le chef des négociateurs insoumis, sur France inter.
"Et c'est historique parce que ça enclenche le début d'une dynamique, qui a pour objectif de faire en sorte d'aborder les élections législatives avec une perspective majoritaire", a-t-il ajouté.
"Il ne s'agit pas d'un accord entre LFI et EELV, nous voulons construire une bannière commune avec l'ensemble des forces de gauche pour construire une majorité", a prévenu Julien Bayou, espérant que le PS et le PCF entrent dans l'alliance dès lundi.
Pas d'escalade en Europe
Au siège parisien de LFI, les négociations ont repris avec les socialistes et, nouveautés du jour, le patron du PS est présent et EELV participera aux discussions, alors que les rencontres menées jusque-là par LFI étaient bilatérales. "On s'est donné la limite de ce soir, même s'il faut finir tard, c'est toujours la logique", a indiqué le député insoumis Eric Coquerel dans l'après-midi.
Le chef des négociateurs socialistes Pierre Jouvet a pour sa part tempéré: "On ne va pas régler tous les points en l'espace de quelques heures alors que depuis dix ans on ne se parlait plus".
"C'est une discussion longue ou on n'a pas de calendrier préfixé" car il faut "construire quelque chose de solide" et non "d'improvisé", a souligné Olivier Faure.
Il doit composer avec la fronde interne d'un courant minoritaire et de plusieurs figures historiques du PS, de François Hollande à Jean-Christophe Cambadélis en passant par Stéphane Le Foll, qui l'accusent de "soumission" à LFI, mouvement antagoniste ces dernières années sur des sujets comme la laïcité ou l’Europe.
"Au PS, ils se séparent de gens qui ont été au coeur du problème de la gauche depuis une dizaine d'années et je suis content du Parti socialiste qu'on a en face de nous", a confié Eric Coquerel.
Quant aux communistes, ils devraient ne pas être accueillis avant 22H00. "J'espère qu'aujourd'hui nous arriverons nous aussi à parvenir à conclure cet accord dans la journée, dans la soirée, dans la nuit s'il le faut, jusqu'au bout", a martelé leur patron Fabien Roussel sur franceinfo. L'accord à gauche permettra d'"enfin prendre notre revanche sur cette élection présidentielle".
Car cette "Union populaire" élargie a pour objectif déclaré d'envoyer Jean-Luc Mélenchon à Matignon, via l'obtention d'une majorité à l'Assemblée nationale.
D'où les âpres tractations pour régler des différends, comme sur la "désobéissance" à certaines règles européennes. Le texte de l'accord entre insoumis et écologistes entérine la possibilité de désobéir si l'UE empêche le programme de s'appliquer, mais seulement sur les cas budgétaires et économiques. Toute escalade vers une sortie de l'UE est proscrite, ainsi que l'ont demandé les Verts.
Sur le plan électoral, les Verts ont obtenu environ 100 circonscriptions, dont 30 jugées gagnables. De quoi garantir au pôle écologiste d'avoir un groupe - minimum 15 députés - dans l'hémicycle. "On n'a pas été les mieux servis, beaucoup de demandes n'ont pas été validées", dans certains centres-villes comme à Marseille, Rennes ou Nantes, regrette Alain Coulombel, l'un des négociateurs écologistes, auprès de l'AFP.
"Mais une étape est franchie, pour la première fois depuis... Mathusalem, on a réussi un accord", se réjouit ce membre de l'aile gauche d'EELV.
Des membres de la majorité LREM ont eux accusé EELV et le PS de renier leurs convictions, Nicolas Bay, vice-président de Reconquête !, y voyant "la nécessité d'un rassemblement" à droite.
La convention d'investiture des membres de cette "Nouvelle union populaire écologique et sociale" aura lieu en région parisienne le 7 mai.
L'objectif est de permettre à tous d'entrer vite en campagne, en premier lieu le chef de cette alliance, Jean-Luc Mélenchon.
(Source AFP)