"Quelles que soient les perspectives de croissance en sortie de crise, la crise sanitaire laissera des marques durables sur l'économie française et les finances publiques", prévient la Cour des comptes, dans ce rapport commandé en février dernier par le Premier ministre Jean Castex.
Pour soutenir les ménages et les entreprises, la France a déployé des moyens considérables depuis mars 2020. Sa dette a gonflé pour atteindre 115,1% du PIB l'an dernier, et elle devrait encore augmenter cette année autour de 117% malgré le retour attendu de la croissance, selon le gouvernement.
S'il n'y a pas d'inquiétude de financement à avoir à court terme du fait de la faiblesse des taux d'intérêt, la Cour juge "souhaitable une stratégie de finances publiques qui allierait renforcement de la croissance et réduction progressive du déficit public".
"Il y a deux erreurs à éviter: oublier la croissance et ne compter que sur la croissance", défend le premier président de la Cour Pierre Moscovici.
L'effort sur le déficit doit débuter "quand la crise sanitaire sera circonscrite et l'activité aura suffisamment rebondi", soit à partir de 2023, estime la Cour, la fin 2021 et le début 2022 devant servir "à sortir progressivement" des mesures de soutien.
Elle prône "une réduction du rythme d'augmentation des dépenses" qui permettrait "une décrue de l'endettement public au plus tard à compter de 2027".
"Ce n'est pas simple, mais c'est incontournable", souligne Pierre Moscovici. La Cour ne donne pas de rythme précis, ni ne commente à ce stade l'ambition du gouvernement de ramener la progression des dépenses à +0,7% par an jusqu'en 2027, mais évoque trois scénarios, l'un où l'augmentation de la dépense est de +0,6% par an à partir de 2023, un autre à +0,3%, et un dernier où les dépenses se stabilisent.
Elle plaide simplement pour qu'une trajectoire soit votée dans une loi de programmation à l'automne 2022.
Où chercher les économies ?
La Cour préconise des réformes "dans cinq secteurs prioritaires": les retraites, l'assurance-maladie, les minimas sociaux, la politique de l'emploi et celle du logement, là encore sans trancher sur leur contenu, pour rester hors du champ de la décision politique