L'affaire suscite un certain émoi. Mardi, la maire EELV de Besançon a écrit au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, pour lui demander de s'"opposer à cette expulsion et de régulariser la situation de Laye Fodé Traoré". Anne Vignot n'avait toujours pas reçu de réponse en cette fin de semaine. Le sujet a pour sûr été abordé lors du déjeuner de la ministre au Conseil régional à Besançon en présence de la maire de Besançon et de la présidente de Région.
"Dans le principe, ça ne devrait pas se passer comme cela… "
Interrogée par notre journaliste Alexane Alfaro sur l'affaire en marge de la signature de l’avenant de 29 M€ supplémentaires au pacte régional d’investissement dans les compétences pour la Bourgogne-Franche-Comté, Élisabeth Borne n'a pas souhaité commenter cette affaire sur le plan judiciaire. "Il y a une procédure qui est en cours avec une contestation. En l'occurrence, il y a une difficulté liée notamment aux déclarations que le jeune homme a pu faire. Je ne peux donc pas me prononcer sur cette affaire particulière" tout en précisant que la logique pour les mineurs non accompagnés s'engageant dans des formations est "qu'ils puissent" au bout de deux ans, "continuer à travailler en France si tout s'est bien passé… "
En novembre, la tutrice du foyer de Gray-la-Ville, qui suit le jeune homme a annoncé que l'apprenti, devenu majeur, faisait désormais l'objet d'une OQTF et devrait cesser de travailler auprès de lui.
"J'ai 50 ans, j'ai fait trois embolies pulmonaires en trois ans, mon médecin me dit que je suis fragile, mais je m'en fous, je sais que j'ai raison", Stéphane Ravacley, patron de la Huche à pain - Besançon
"Discret", mais avide d'apprendre le métier, Laye s'est immédiatement montré volontaire et travailleur, poursuit l'artisan qui oeuvre six jours sur sept de 03H00 du matin à 20H00, avec une pause en milieu de journée. "Il y a une place pour lui dans mon fournil", insiste le boulanger qui prévoyait de le prendre comme ouvrier au terme de sa formation.
Le boulanger a lancé une pétition sur internet. Cette dernière a recueilli près de 190.000 signatures et plus de 100.000 "j'aime" sur Instagram depuis que l'eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place Publique) l'a relayée.
Le jeune Guinéen a saisi le tribunal administratif de Besançon sur le fond pour contester l'OQTF et le refus d'octroi de titre de séjour de la préfecture de la Haute-Saône. Son recours sera examiné le 26 janvier 2021. Il avait été débouté d'un premier recours en référé en décembre.