"Trois types de plateformes regroupant numéros d'urgence et permanence des soins" seront testées, "pour améliorer la prise en charge des victimes", et ce "dès le début de l'année prochaine", a insisté le chef de l'Etat samedi à Marseille, au lendemain d'une manifestation des sapeurs-pompiers à Paris pour obtenir davantage de moyens.
En annonçant cette expérimentation pour regrouper les appels vers le 15, le 17 et le 18, le président acte ainsi par avance une disposition phare de la proposition de loi Matras en passe d'être adoptée au Parlement.
"Dans notre pays qui adore les débats théoriques", a décrit le président, "nous allons essayer le chemin du pragmatisme, et peut-être que nous inventerons collectivement une solution à laquelle nous n'avions pas pensé".
L'expérimentation sera menée dans "une zone de défense", a indiqué M. Macron, soit "une grande région". A son terme, "nous évaluerons méthodiquement quel est la méthode la plus efficace", en termes de "temps de réponse et de qualité de l'accompagnement des usagers" notamment.
"Avec le 112, c'est si facile de réussir ce que tous les pays européens ont réussi", avait lancé le président des sapeurs-pompiers de France, Grégory Allione, dans son intervention, avant le chef de l'Etat: "Vingt départements ont déjà réussi à rassembler les numéros d'urgence" et "n'ont pas attendu la loi pour être intelligents".
Auprès de l'AFP, avant l'ouverture du congrès, M. Allione avait dénoncé ces appels inutiles aux pompiers, se demandant s'il est vraiment "logique de déplacer un véhicule toutes sirènes hurlantes pour arriver et trouver une femme enceinte dont la valise est prête pour l'hôpital, avec le mari qui suit derrière avec sa voiture".
"Une vision européenne"
Les déclarations de M. Macron samedi officialisent l'accord début octobre, en commission mixte paritaire, par les députés et sénateurs, sur la proposition de loi Matras. Objectif de ce texte: "consolider" le modèle de sécurité civile français qui repose largement sur le volontariat, 80 % des 250.000 pompiers n'étant pas des professionnels.
Le consensus atteint par les parlementaires visant à une expérimentation de plusieurs modèles avait satisfait l'association Samu-Urgences de France, selon qui il permettra "de démontrer l'efficacité du Service d'accès aux soins (SAS)" face à un numéro unique d'urgence qui entraînerait "une perte de chance" pour les malades. Les urgentistes du Samu étaient soutenus par la Fédération hospitalière de France.
Le Président de la République a également annoncé une revalorisation du remboursement des carences ambulancières, à au moins 200 euros au lieu de 124 euros actuellement, ainsi qu'une réforme des gardes ambulancières, afin de diminuer le nombre de ces carences.
"Les sapeurs-pompiers sont trop souvent sollicités par les services hospitaliers d'urgence, quand aucune ambulance privée n'est disponible", a constaté le président: or "cette situation réduit vos capacités d'action en cas de catastrophe", a-t-il regretté.
Une revalorisation saluée par le contre-amiral Patrick Augier, chef des marins-pompiers de Marseille, auprès de l'AFP: "une augmentation de 50 % c'est conséquent, sur des milliers d'interventions par an, ça va compter d'un point de vue budgétaire", a-t-il expliqué face à cette "grosse feuille de route assez concrète".
Mais toutes les revendications des pompiers n'ont pas été satisfaites, au niveau de la bonification des retraites par exemple: "Après 20 ans d'engagement citoyen, 488 euros par an... Je pense que l'engagement citoyen (comme pompier bénévole) mérite meilleure mesure", avait plaidé Grégory Allione dans son discours.
Annonçant le renouvellement de l'ensemble de la flotte des hélicoptères de la sécurité civile, ainsi que la commande de deux hélicoptères supplémentaires dès début 2022, M. Macron a également souligné la nécessité d'une "vision européenne" en matière d'organisation des secours, avec "une solidarité européenne dans l'urgence".
Le chef de l'Etat a ainsi souligné la montée en puissance du Plan Rescue de l'Union européenne, avec le financement de deux avions à 90 % par l'UE.