"Je l'assure ici: tout sera fait pour que le site de Belfort puisse être pérennisé. Ca veut dire pour de nombreuses années", a déclaré le président lors d'une conférence de presse conjointe avec le président roumain Klaus Johannis. "J'ai fixé l'objectif, qui est d'assurer la pérennité du site de Belfort Alstom pour les prochaines années. Pas simplement pour les deux ans qui viennent. Cela suppose une mobilisation de tous", a également déclaré M. Hollande, qui a évoqué une annonce "dans la précipitation et sans concertation", alors que l'exécutif est accusé de négligence dans ce dossier.
Pour le chef de l'Etat, "le groupe Alstom doit prendre conscience de ce qu'il représente à l'échelle du monde et que le site de Belfort peut être conforté à travers un certain nombre de prises de commandes dans le cadre de marchés qui existent et qui doivent être accélérées. C'est ce que le gouvernement fait". Devant la communauté française de Bucarest, François Hollande a souligné qu'il "défend toujours l'industrie française" à l'étranger.
"Je ne prétends pas que les marchés sont faits sous notre dictée", a-t-il toutefois ajouté alors que de nouveaux marchés publics pourraient être salvateurs pour Alstom. "J'appuie les entreprises pour qu'elles se développent, investissent à l'étranger, exportent" mais aussi pour qu'elles "créent des emplois en France" et "les maintiennent" sur "des sites qui ne représentent pas l'histoire mais l'avenir", a-t-il poursuivi dans une claire allusion à Belfort, berceau du groupe Alstom.
Le patron du groupe Henri Poupart-Lafarge a affirmé, dans un message aux salariés du groupe, que le maintien de la production de trains à Belfort était "aujourd'hui impossible" en raison de la pénurie de commandes. Le groupe prévoit de transférer la production de locomotives à Reichshoffen (Bas-Rhin) en proposant aux 400 salariés du site de Belfort des postes dans d'autres usines françaises.
- Invoquant une pénurie de commandes en France, Alstom a annoncé mercredi dernier le transfert de son activité locomotives de Belfort vers Reichshoffen, près de Strasbourg, d'ici 2018, provoquant une cascade de réaction politiques et un bras-de-fer avec le gouvernement.
"Alstom confirme s'être engagé dans des discussions avec le gouvernement français sur l'avenir de son site de Belfort. Aucune décision ne sera prise avant leurs conclusions", a indiqué la direction. "Alstom est dans une démarche d'écoute et d'échange avec l'ensemble des acteurs concernés: employés, représentants syndicaux et élus locaux", a ajouté Alstom dans ce texte.
Mardi, le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge a reçu un groupe d'élus franc-comtois à Paris. "Le groupe (Alstom) n'est pas dans une position fermée. Il est conscient qu'il y a une fenêtre de tir et de négociations avec le gouvernement" par rapport aux propositions d'amener de la charge de travail à Alstom, a déclaré Marie-Guite Dufay (PS), présidente du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, à l'issue de la rencontre. "Mais maintenant il faut laisser du temps au temps pour la négociation. Les réponses à apporter à Alstom sont complexes. Ce n'est pas en 48 heures qu'on aura une réponse. Nous gardons une vigilance extrême et nous avons dit au PDG que nous ferons tout pour empêcher la fermeture du site", a-t-elle ajouté.
Pour le maire de Belfort Damien Meslot (LR), le gouvernement "a semblé ouvert à une solution". "Le PDG nous a dit que des discussions sont en cours avec la SNCF et le gouvernement pour trouver des solutions" pour le site belfortin, a-t-il déclaré. "Il nous a semblé ouvert à une solution mais il nous a bien répété que le groupe avait besoin de commandes pour le maintien du site de Belfort. Nous avons senti un PDG ouvert à la négociation. Il faut que le gouvernement trouve des commandes. Rien n'est joué, la situation peut évoluer et pour cela il faut que nous nous mobilisions tous", a-t-il estimé.