Alstom reste optimiste malgré des pertes

Déjà handicapé par la digestion de Bombardier Transport, Alstom a été rattrapé par le conflit en Ukraine qui l’a obligé à déprécier sa participation dans le constructeur ferroviaire russe Transmashholding, faisant plonger ses comptes dans le rouge en 2021/22, mais la direction reste optimiste.

© D Poirier

Alstom a publié mercredi une perte nette de 581 millions d'euros pour son exercice décalé (clos fin mars), contre un résultat positif de 247 millions lors de l'exercice précédent.

Élément marquant du compte de résultat: Alstom a passé une dépréciation de 441 millions d'euros correspondant à la valeur comptable de sa participation de 20% dans Transmashholding. "C'est une participation financière (...), qui n'a plus de pendant opérationnel depuis quelque temps", a indiqué le PDG du groupe, Henri Poupart-Lafarge, à des journalistes.

"Rien n'est exclu" quant à une éventuelle cession de cette participation dans le constructeur dont "l'activité est purement locale en Russie" et qui "continue à fonctionner", a-t-il dit. "Nous ne sommes pas acculés, on verra!"

La direction met en avant un "résultat net ajusté" ne prenant pas en compte 403 millions d'euros d'affectation du prix d'acquisition de Bombardier Transport (un indicateur retenu pour le calcul du dividende): il ressort à -173 millions d'euros, contre 301 millions sur l'exercice précédent.

D'autres charges exceptionnelles ont concerné des restructurations des activités héritées de Bombardier en Allemagne et en Suisse, ainsi que la fin de l'activité des bus électriques Aptis, produits près de Strasbourg.

"L'intégration de Bombardier Transport est en bonne voie", a relevé le PDG, qui parle de "stabilisation".

Cette intégration, moins rentable, est visible dans la marge opérationnelle du groupe, qui a plongé à 5%, en baisse de 2,3 point sur un an par rapport à l'"ancien Alstom". Mais le numéro deux mondial s'est fixé comme objectif de remonter jusqu'à une marge de 8 à 10% à partir de 2024/25, et ce but est maintenu.

Ces résultats ont moyennement plu aux investisseurs, principalement inquiets de la trésorerie future du groupe: le titre d'Alstom a clôturé sur un repli de 5,16% à 21,85 euros à la Bourse, après avoir perdu jusqu'à 11% en cours de séance.

"Tensions sur les livraisons"

Malgré les pertes, M. Poupart-Lafarge a salué "une très bonne année". Les résultats du premier exercice complet du groupe dans sa nouvelle configuration "sont totalement en ligne avec nos objectifs, tant en termes de performance financière qu'opérationnelle", s'est-il félicité.

Atteignant 15,5 milliards d'euros, le chiffre d'affaires annuel est en hausse de 11% par rapport aux ventes combinées d'Alstom et de Bombardier lors de l'exercice précédent.

Les prises de commandes ont parallèlement bondi de 33% (pro forma) à 19,3 milliards d'euros. Le carnet de commandes a crû de 9% pour atteindre le niveau record de 81 milliards au 31 mars. L'Europe et l'Amérique sont les marchés les plus dynamiques.

Le groupe a réglé avec ses clients "la quasi-totalité" des litiges portant sur des contrats hérités de Bombardier qui posaient des problèmes de faisabilité et/ou de rentabilité - et pour lesquels il a déjà passé près de 1,1 milliard d'euros de provisions -, selon le PDG.

"Malgré les difficultés à court terme liées à la situation macro-économique et géopolitique en 2022/23, le groupe reste pleinement engagé à réaliser ses objectifs à horizon 2025", porté par un marché particulièrement dynamique, a relevé M. Poupart-Lafarge.

Le dirigeant a confirmé ses perspectives optimistes présentées en juillet 2021, estimant que Bombardier devrait être pleinement digéré dans trois ans, et relevant ses estimations de synergies à l'horizon 2026. Il a parlé de trains à hydrogène, de batteries, de "mobilité plus sûre pour la santé avec des filtres permettant de tuer tous les virus" et de trains autonomes.

En attendant, "l'inflation va peser dans une certaine mesure sur la rentabilité" cette année, et "les pénuries de composants électroniques pourraient créer des tensions sur les livraisons", a-t-il prévenu. Le groupe prévoit néanmoins une progression "soutenue" des ventes en 2022/23, une augmentation des prises de commandes encore plus rapide et une amélioration de la marge d'exploitation.

Il va proposer la distribution d'un dividende inchangé de 25 centimes, correspondant à 35% de son résultat net ajusté avant la dépréciation de sa participation dans Transmashholding.

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(AFP)

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