Cet appel intervient sur fond de négociations d’un accord de libre-échange UE-Mercosur et de mobilisations en cours dans plusieurs départements, selon les syndicats. L’alliance syndicale agricole majoritaire formée par la FNSEA et Jeunes Agriculteurs (JA), qui a notamment organisé des blocages d’autoroutes en début d’année, a décidé d’"une action nationale qui prendra effet à partir de la mi-novembre", a déclaré le président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, lors d’une conférence de presse, sans donner de date précise.
Son homologue des Jeunes Agriculteurs, Pierrick Horel, a estimé que cette mobilisation pourra servir à "remettre un petit peu de pression dans le tube pour arriver au bout de ce qu’on demande".
Ces formations entendent notamment obtenir de la "clarté" sur leur demande de prêts garantis par l’Etat, à taux réduit, pour les agriculteurs à court de trésorerie.
Mercosur
Mais le sujet qui a fait "déborder le vase", selon M. Horel, est la crainte des organisations agricoles de voir les discussions sur un accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur (Argentine, Brésil, Uruguay, Paraguay et Bolivie) approcher d’une conclusion. "L’accord ouvrirait la porte à 99.000 tonnes de viandes bovines, à 180.000 tonnes de viandes de volaille, à l’équivalent de 3,4 millions de tonnes de maïs, à 180.000 tonnes de sucre", s’étaient alarmés les deux syndicats le 18 octobre, dans un communiqué.
Le texte pointait du doigt une"absence de réciprocité concernant les conditions de production" de part et d’autre de l’océan Atlantique, appelant Emmanuel Macron et le Premier ministre Michel Barnier à "mettre définitivement fin" aux discussions. La semaine dernière, le chef de l’Etat a une nouvelle fois répété qu’à ses yeux l’accord avec le Mercosur n’était pas acceptable "en l’état".
Mardi, dans un communiqué commun, sept organisations agricoles européenne ont qualifié de "provocation" l’idée d’un fonds d’indemnisation pour les agriculteurs, sur laquelle serait en train de plancher la Commission européenne selon le média Politico.
Actions en Occitanie
En France, la situation sur le terrain est potentiellement plus explosive qu’il y a un an. Après une campagne marquée par des pluies quasi incessantes, le pays a connu sa pire récolte de blé en 40 ans, des pertes considérables dans les vignobles, un regain d’épidémies animales et les semis de blé d’hiver pourraient être menacés si les sols restent gorgés d’eau.
Les syndicats ont lancé ces dernières semaines des "avertissements", se disant prêts à revenir dans la rue, tout en se défendant de pousser à la surenchère alors que se profilent leurs élections professionnelles fin janvier. Ces scrutins détermineront leurs poids respectifs au sein des chambres d’agriculture, aujourd’hui largement dominées par l’alliance FNSEA-JA, devant la Coordination rurale et la Confédération paysanne.
Une source à la FNSEA remarquait la semaine dernière auprès de l’AFP que les fédérations régionales avaient "des fourmis dans la jambe" pour repartir en manifestations.
Mais, avant "d’appuyer sur le bouton" de la mobilisation nationale selon l’expression d’une autre source, la fédération nationale soupesait ses chances d’obtenir de nouveaux engagements dans un cadre budgétaire contraint, sans s’aliéner la globale bienveillance des Français à l’égard des mobilisations d’agriculteurs. Des actions d’agriculteurs ont été constatées ces derniers jours en Occitanie d’où était parti le mouvement de contestation l’hiver dernier.
Quelque 200 agriculteurs ont déposé lundi soir devant la préfecture de l’Ariège des panneaux de signalisation, tandis qu’une soixantaine d’agriculteurs ont déversé dans la nuit de vendredi à samedi de la laine de mouton, des bottes de foin et de la paille devant plusieurs bâtiments de l’État à Auch, dans le Gers.
(Source AFP)