Agriculture : Annie Genevard sur le terrain d’une filière mobilisée

La ministre de l'Agriculture effectue jeudi 21 novembre 2024 dans le Pas-de-Calais sa première visite sur le terrain depuis le retour des paysans dans la rue, la mobilisation semblant désormais surtout se circonscrire aux actions des bonnets jaunes de la Coordination rurale. A Besançon, elle a rappelé vendredi dernier son soutien à la filière.

© Hélène Loget

Dans le Sud-Ouest, fief de ce syndicat concurrent du tandem FNSEA-Jeunes agriculteurs, des blocages de plateformes logistiques se sont poursuivis mercredi, notamment les accès au port de commerce de Bordeaux et des centrales d'achat de la grande distribution. Des supermarchés étaient également visés. Toutefois, selon les autorités, "la mobilisation apparaît en baisse" à l'échelle du pays par rapport au début de la semaine.

La ministre Annie Genevard est attendue en milieu de matinée dans une exploitation à 10 km au nord-est de Béthune, et prévoit de s'y entretenir avec des agriculteurs, selon son cabinet. Elle se rendra ensuite dans un établissement d'enseignement agricole d'Arras. Mercredi soir, la ministre a redit l'opposition du gouvernement à l'accord Mercosur, et sa volonté de réunir une minorité de blocage au sein de l'UE pour l'empêcher, un effort aux résultats incertains, tandis qu'un débat à ce sujet va se tenir à l'Assemblée nationale mardi prochain.

"Personne ne peut dire aujourd'hui qu'il n'y a pas de minorité de blocage. On y travaille ardemment", a promis Mme Genevard sur BFMTV: "on va faire tout ce qu'on peut pour empêcher cet accord qui est mauvais".

Sur les lieux de la manifestation de Bordeaux mercredi, Karine Duc, une responsable de la Coordination rurale, soulignait: "C'est dans ces ports que l'on importe des céréales qui ne sont pas soumises aux mêmes normes que les nôtres, et c'est quelque chose que l'on veut dénoncer." Plusieurs dizaines de tracteurs et remorques de la CR du Lot-et-Garonne ont déversé de grandes quantités de pneus et de déchets sur les routes donnant accès aux installations portuaires. Plus tôt mercredi, la CR a levé son barrage de l'autoroute A9 reliant l'Espagne à la France qu'elle avait installé la veille. Ailleurs, des agriculteurs ont notamment bloqué la préfecture de Charleville-Mézières (Ardennes) et une autoroute dans la Nièvre, selon les autorités.

"On ne peut pas accepter qu'il y ait des débordements"

Sur la mobilisation des agriculteurs, Mme Genevard a jugé mercredi soir qu'"on ne peut pas accepter qu'il y ait des débordements". "On a fixé le cadre qui n'exclut pas le dialogue, qui n'exclut pas la protestation, parce qu'elle est légitime", a-t-elle ajouté, alors que son collègue de l'Intérieur, Bruno Retailleau, avait évoqué dimanche une "tolérance zéro" en cas de "blocage durable".

Ce nouvel épisode de manifestations agricoles intervient à quelques semaines d'élections professionnelles. La CR, deuxième syndicat du secteur, compte à cette occasion briser l'hégémonie de l'alliance majoritaire FNSEA-JA.

Ces deux syndicats frères avaient prévenu qu'ils se mobiliseraient jusqu'à la mi-décembre contre l'accord commercial avec des pays du Mercosur, contre les normes selon eux excessives et pour un meilleur revenu.

Troisième syndicat représentatif, la Confédération paysanne a aussi organisé des actions pour dénoncer tous les traités de libre-échange.

Le président de la FNSEA Arnaud Rousseau a annoncé mercredi que les prochaines manifestations emmenées par ses membres auraient lieu la semaine prochaine, "mardi, mercredi et jeudi", "pour dénoncer les entraves à l'agriculture".

(Source AFP) 

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