"Ce dossier, c'est un homme raciste qui fonce sur un homme, maghrébin, pour au mieux le blesser, au pire le tuer", a plaidé Me Jérôme Pichoff, l'avocat de la victime, Adil Sefrioui, 42 ans.
Le 21 avril 2021 à Dole dans le Jura, les époux Sefrioui sont chez eux lorsqu'ils aperçoivent un homme qui semble prendre des photos de leurs enfants dans le jardin. Suspicieux, le couple cherche à obtenir des explications. Une altercation s'ensuit.
Mme Sefrioui filme une partie de la scène glaçante qu'elle diffusera ensuite sur les réseaux sociaux et qui a été visionnée lors du procès.
"Approche sale bicot, (...) tiens amène-toi devant la bagnole", lance le retraité qui remonte ensuite dans sa voiture et semble s'en aller.
Mais il fait demi-tour et fonce sur M. Sefrioui, projeté sur le capot alors que le véhicule s'arrête en défonçant la palissade du jardin de la famille où se trouvent les enfants.
"S'il n'est pas mort, s'est parce qu'il a eu le réflexe de sauter sur le capot", a souligné Me Pichoff.
Adil Sefrioui, se dit encore hanté par la scène : "l'impact, boum, les cris des petits... Moi je me suis envolé sur la voiture".
Pour l'avocat général, Emmanuel Vion, "M. Sefrioui a été blessé dans sa chair, il a subi plusieurs fractures des vertèbres et aurait pu être paralysé". "+Sale bicot+, c'est un mot que seuls les racistes structurels peuvent utiliser", a ensuite estimé le magistrat, pour qui "M. Demougeot est dans une dynamique de violences, dans un contexte détestable".
Le septuagénaire n'était pas présent à l'audience pour expliquer son geste. "Bernard Demougeot, homme âgé, a subi des insultes, il a été frappé, il s'est senti agressé et empêché de partir", a plaidé son avocat, Me Damien Varlet, appelant la Cour à "ne pas partir en croisade contre le racisme".
L'avocat général a également requis une amende avec sursis à l'encontre d'Adil Sefrioui pour des "violences légères" lors de l'altercation avec le retraité. Son avocat a demandé la relaxe.
(AFP)