Adapter un flm au théâtre peut paraître étrange. Déjà par le passé, avec Hitchcock et John Ford, nous avons joué ce jeu et ce fut un véritable plaisir. Bien que comédie loufoque, le flm de Jerry Lewis est chargé de questions philosophiques, scientifiques, éthiques même. Avant d’être un objet de distraction, une adaptation au théâtre peut être aussi une manière de découverte, de questionnement.
Par son titre même, Dr. Jerry et Mister Love, fait penser à Dr. Jekyll et Mr. Hyde : le bien, le mal, la dualité, le refus du réel. Dans les deux cas nous avons affaire à un dédoublement hoffmanien de la personnalité. Autrefois nous avons adapté au théâtre un récit fantastique de l’auteur allemand E.T.A. Hoffmann. Princesse Brambilla traite avec humour du « dualisme chronique », une « maladie de l’esprit ». Le comédien Giglio Fava confond sa personne et son personnage, le théâtre et la vie... Vaste sujet.
Bien d’autres œuvres touchent à ces questions, notamment Faust de Goethe qui s’interroge sur sa science mais surtout sur sa vie, sa capacité à vivre, à aimer. Il bascule dans le compromis social avec le diable Méphistophélès, le maître des apparences, des petits arrangements. Don Juan n’est pas loin également. Mais avec Jerry Lewis le sujet éclate en une fable qui se permet tout, échevelée, humoristique, caustique, libertaire.