Depuis sa mise en examen et son placement sous contrôle judiciaire en 2017, le médecin est en arrêt maladie et, à ce titre, sa caisse de prévoyance lui a versé 500.000 euros, a indiqué à l'AFP l'un de ses avocats, Me Lionel Béthune de Moro, confirmant une information du Parisien. Mais la caisse de prévoyance, spécialisée dans le domaine médical, a décidé d'assigner M. Péchier au civil, devant le tribunal judiciaire de Poitiers où l'anesthésiste réside désormais.
"Elle demande le remboursement intégral de la somme, estimant qu'elle a payé à tort depuis trois ans et qu'elle n'aurait pas dû verser cet argent" au motif qu'il a "une interdiction judiciaire de travailler", a précisé l'avocat. Pourtant, selon le conseil, "la caisse de prévoyance a été avisée de la procédure judiciaire dès le départ et elle ne saurait nier avoir été au courant". "Ce médecin, comme tous, a une assurance prévoyance dans le cas où il n'a plus de revenus car il est empêché de travailler", note Me Béthune de Moro. Or, "le Dr Péchier ne travaille pas pour une cause judiciaire, mais aussi médicale", ajoute-t-il, assurant que "l'assurance maladie n'a jamais contesté son arrêt maladie prolongé pour retentissement psychologique".
"J'aimerais savoir dans quelles conditions M. Péchier s'est vu déclarer inapte par un médecin alors qu'il a demandé à plusieurs reprises à pouvoir retravailler", s'interroge pour sa part Me Frédéric Berna, avocat de plusieurs familles de victimes.
Au plus fort de l'épidémie de coronavirus, l'anesthésiste avait demandé le droit d'exercer en tant que régulateur téléphonique, "pour prendre sa part à l'effort de guerre", selon son avocat. Cette demande avait été rejetée par la juge d'instruction.
Pour rappel...
Le Dr Péchier a été mis en examen pour 24 empoisonnements de patients suivis par ses collègues entre 2008 et fin 2016, dont neuf sont décédés. Il est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de ces patients, âgés de 4 à 80 ans, pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur et discréditer des collègues des cliniques de Besançon avec lesquels il était en conflit. L'anesthésiste a été maintenu en liberté sous contrôle judiciaire, avec obligation de quitter Besançon et interdiction d'exercer.
(AFP)