Interrogé pour la troisième fois depuis le 8 mars par la juge d'instruction Marjolaine Poinsard, magistrate dont il a demandé la récusation, M. Péchier, 51 ans, a par ailleurs été placé sous le statut de témoin assisté pour un autre cas, selon M. Manteaux. Dans ce dossier hors norme, sur les 32 cas d'empoisonnements présumés pour lesquels les enquêteurs le soupçonnent, l'anesthésiste est mis en examen "de façon définitive" pour 30 d'entre eux, dont 12 mortels, et placé sous le statut, plus favorable, de témoin assisté dans deux autres cas, dont un mortel, a détaillé le magistrat.
C'est la troisième fois en un mois, et peut-être la dernière, que Frédéric Péchier est interrogé par la juge. L'interrogatoire, suspendu à la mi-journée, a repris à 14h00.
Mis en examen dans six dossiers et placé sous le statut de témoin assisté dans deux autres
Mme Poinsard voulait notamment mettre cette série d'auditions à profit pour entendre M. Péchier sur huit derniers cas dits "supplétifs" d'empoisonnements supposés et voulait récapituler l'ensemble des dossiers pour lesquels elle mettra in fine M. Péchier en examen. Sur ces huit derniers cas, M. Péchier est donc mis en examen dans six dossiers et placé sous le statut de témoin assisté dans deux autres.
L'anesthésiste, qui avait choisi de garder le silence depuis le début de cette série d'auditions, a cette fois "répondu à quelques questions de la juge d'instruction, celles où il est en mesure de répondre parce qu'on a les éléments", a indiqué à la suspension Me Randall Schwerdorffer, qui s'exprimait aux côtés de son client.
La défense se plaint en effet de ne pas avoir reçu avant ces interrogatoires un "pré-rapport" d'expertises qui a servi de socle à ces auditions. Cela l'aurait empêchée de poser à temps des questions aux experts sur leurs conclusions. "Tant qu'on n'aura pas pu" interroger les experts, M. Péchier ne peut pas répondre à un certain nombre de questions, a expliqué Me Schwerdorffer, rappelant que ce point faisait l'objet d'une requête devant la chambre de l'instruction.
Le conseil n'a pas voulu préciser les points sur lesquels son client s'est exprimé.
M. Péchier, qui est libre sous contrôle judiciaire, était arrivé sans faire de commentaires peu avant 10h00 au tribunal judiciaire. Frédéric Péchier est suspecté d'avoir pollué, entre 2008 et 2017, les poches de perfusion de patients dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
(AFP)