"L'ouverture de cette enquête préliminaire contre X, qui fait encourir un an de prison et 15.000 euros d'amende, s'inscrit dans la volonté clairement affichée d'arrêter l'hémorragie d'informations (diffusées dans les médias) relevant du secret de l'instruction et qui nuit à l'enquête", a déclaré la procureure de Besançon, Edwige Roux-Morizot, lors d'une conférence de presse.
"Celui ou celle qui a pris la responsabilité de livrer à des journalistes, qui ont accepté de le publier, des informations totalement confidentielles a pris le risque mesuré et conscient de donner au principal suspect toutes les clefs pour organiser sa défense", faisant courir le risque de ne jamais retrouver le corps de Narumi Kurosaki, a-t-elle dit. La magistrate n'a pas précisé quelles informations parues dans les médias étaient visées. Elle envisage de confier cette enquête à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et à un service généraliste, peut-être de gendarmerie.
Narumi Kurosaki, 21 ans, a disparu à Besançon dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016 , après qu'un grand cri a retenti dans sa chambre. L'étudiante était arrivée dans cette ville fin août pour étudier le français et l'économie-gestion. Bien que son corps reste introuvable, les enquêteurs de la police judiciaire et la justice française pensent que la jeune femme a été tuée. Les recherches se poursuivent en Franche-Comté, "partout où nous pouvons penser que le corps puisse se trouver", a précisé la procureure. Une information judiciaire pour assassinat a été ouverte et confiée à deux juges d'instruction.
Son ancien petit ami chilien, un professeur-assistant de 26 ans qui était en France au moment de sa disparition, est le principal suspect. Un mandat d'arrêt international et une demande d'extradition délivrés à son encontre "sont en cours d'acheminement" vers le Chili, a dit Mme Roux-Morizot. "Il faut transmettre, traduire, prévoir ce qui pourra être demandé par la justice chilienne. Cela prend le temps nécessaire", a-t-elle ajouté, soulignant que "l'extradition par ce pays de ses nationaux est possible".