Ce mandat d'arrêt délivré par un juge d'instruction de Nancy "a été pris au regard de plusieurs éléments, dont les auditions de certaines des personnes placées en garde à vue et mises en examen", précise dans un communiqué le procureur de la République de Nancy François Pérain.
Au regard de ces éléments, Rémy Daillet apparaît comme "l'animateur principal de la +mouvance+ dans le cadre de laquelle s'inscrivent les mis en cause", ajoute le magistrat. Rémy Daillet aurait "joué un rôle dans l'organisation de l'enlèvement et aurait ainsi fourni les coordonnées de l'accueillante de la mère et de l'enfant à Neuchâtel".
Un homme "complètement mythomane, délirant"
Selon le journal Le Parisien, Rémy Daillet, 54 ans, un ancien cadre du MoDem en Haute-Garonne, vit en Malaisie depuis plusieurs années. Exclu du parti centriste en 2010, il est devenu depuis une figure du mouvement complotiste. "C'était un fou furieux", se rappelle la présidente de la fédération du MoDem de Meurthe-et-Moselle Danièle Noël qui évoque un homme "complètement mythomane, délirant", tenant "des propos complètement incohérents".
"Il était dans le complot, dans le délire. Ses propos n'étaient pas ceux d'un homme sensé. Il était anti-système, anti-Etat. On l'a exclu. On l'a sorti de force des salles du Conseil national. La sécurité l'a mis dehors", a-t-elle raconté à l'AFP.
Interdire les "Chem trails"
Dans l'une de ses vidéos, il défend sur fond de musique dramatique l'idée d'un coup d'Etat populaire, affirmant que lorsqu'il sera au pouvoir il abolira presque tous les impôts, annulera le port du masque "scientifiquement inutile" et démantèlera la 5G. Il compte également interdire les "épandages aériens, appelés +chem trails+" en référence aux traînées de condensation laissées par les avions dans le ciel. Rémy Daillet veut aussi faire "stopper les placements abusifs d'enfants".
La petite Mia, 8 ans, avait été enlevée mardi dernier à la demande de sa mère par plusieurs hommes alors qu'elle était hébergée chez sa grand-mère maternelle dans un village des Vosges. Sa mère n'avait plus le droit de la voir seule ni de lui parler au téléphone.
Une alerte enlèvement avait rapidement été diffusée et d'importants moyens policiers, en France et dans plusieurs pays frontaliers, ont permis de la retrouver dimanche matin avec sa mère en Suisse, dans un squat de la commune de Sainte-Croix, dans le canton de Vaud. Elles avaient auparavant transité par Estavayer-le-Lac, dans le canton de Fribourg, et Neuchâtel.
"La mère ne comptait pas s'arrêter en Suisse", a indiqué François Pérain au Figaro. "La destination finale devait être la Russie".
"Opération Lima"
La petite fille a pu être remise lundi à sa grand-mère qui en a la garde. Les cinq hommes qui ont organisé son kidnapping sont poursuivis pour "enlèvement en bande organisée d'une mineure de (moins de) quinze ans et association de malfaiteurs". Quatre d'entre eux ont été placés en détention.
Ils se revendiquent de la mouvance anti-système et, pour enlever la petite fille, avaient présenté à sa grand-mère des papiers falsifiés à en-tête du ministère de la Justice, se faisant passer pour des représentants de la protection de l'enfance. Le rapt a été conçu "comme une opération de type militaire", avec même un nom de code - "Opération Lima" -, avait expliqué dimanche M. Pérain.
Les cinq suspects se sont "rencontrés via les réseaux sociaux et partagent une même communauté d'idées", avait encore noté le magistrat. "Ils sont contre l'Etat et mobilisés contre ce qu'ils appellent la dictature sanitaire". Quatre d'entre eux, âgés de 23 à 60 ans et sans antécédents judiciaires, ont été arrêtés mercredi et jeudi à Paris et aux alentours, ainsi que dans l'est de la France. Un cinquième homme, de 43 ans, a été arrêté vendredi, également dans l'est.
Lola Montemaggi, ainsi qu'un ressortissant français qui l'a aidée en Suisse, sont quant à eux en détention dans le canton de Vaud dans l'attente d'une procédure d'extradition.
(Source AFP)