Syndicat de la magistrature, CGT des greffiers et administratifs de la justice, avocats des barreaux de Dijon, du Jura, de Mâcon et d'Epinal: quelque 200 professionnels de la justice se sont rassemblés à la mi-journée devant le palais de justice de Dijon pour montrer qu'ils sont "plus solidaires que jamais malgré les tentatives du gouvernement pour (les) diviser", a expliqué Sabira Boughlita, présidente de la section dijonnaise du Syndicat des avocats de France.
"C'est un burn-out généralisé de la justice"
"Un tel rassemblement rarissime montre bien l'état de crise de la justice", a résumé Thomas Tissandier, président de l'Union des jeunes avocats de Dijon. "Et il ne vient pas de la grève, comme le prétend le gouvernement", ajoute-t-il en référence au mouvement des robes noires contre la réforme des retraites, qui dure depuis le 6 janvier dans une large partie de la France.
"Ma présence est significative de l'unité", souligne Anne-Lise Grandhay, bâtonnier du barreau du Jura. "Nous vivons une véritable sinistrose, avec des délais d'audiencement allant parfois jusqu'à six mois". "C'est un burn-out généralisé de la justice", renchérit Catherine Lathelier-Lombard, présidente de chambre à la Cour d'Appel de Dijon et membre du Syndicat de la magistrature. "Le système est complètement à bout de souffle et c'était bien avant le mouvement des avocats", souligne-t-elle.
"Nous sommes dans une situation grave et préoccupante", ajoute la greffière Aurélie Lavenet, représentante de la CGT chancelleries et services judiciaires, qui redoute la survenue de problèmes "graves" comme la "libération de détenus".
"En 1900, la France comptait 7.174 magistrats de l'ordre judiciaire pour 40 millions d'habitants. Au 1er avril 2019, on en recensait 8.373, pour 67 millions d'habitants", a résumé Me Boughlita, reprenant une tribune, publiée mercredi dans Mediapart, où greffiers, magistrats et avocats exigent "un plan d'urgence".
Le bâtonnier de Dijon, Stéphane Creusvaux, a souligné la nécessité de "rester unis dans le combat contre la réforme des retraites et pour une justice digne de ce nom" peu après la constitution par la ministre de la Justice Nicole Belloubet d'une mission sur l'avenir de la profession d'avocat. "Personne n'est dupe. Créer une commission est un procédé qui a déjà été utilisé", a-t-il souligné.
(Source AFP)