C’est une nouvelle page qui se tourne pour ce salon de coiffure de la rue Gustave Courbet qui existe depuis (au moins) 1964. Yolande Girardet y est arrivée le 1er août 1989 en tant que salariée pendant 12 ans avant d’en devenir la gérante.
"Je me souviens quand ma patronne, Annie Gaudillière, m’avait dit qu’elle vendait, je m’étais dit que jamais je ne pourrais le gérer, mais Éric, mon mari, m’avait encouragée et je m’étais lancée…", se remémore Yolande, propriétaire du Salon Courbet depuis le 1er novembre 2001. "Aujourd’hui, c’est encore plus émouvant parce que je le cède à mon fils, comment peut-on finir mieux que ça ? C’est génial !", se réjouit la future jeune retraitée, "je suis super contente, je suis très fière de lui, de ce qu’il a fait, de ce qu’il va faire, depuis environ 5-6 ans, c’est Romain qui fait vivre le salon".
Les "clientes fidèles" comme plus beau souvenir
Pour elle, avoir travaillé dans son propre salon de coiffure, "c’est comme avoir travaillé tous les jours chez soi", même si les 10 premières années en tant que cheffe d’entreprise n’ont pas été de tout repos. "Je me souviens qu’un soir, j’ai fermé le salon en tant que salariée et que le lendemain je mettais la clé dans la serrure en tant que gérante… j’ai cru que le plafond allait s’effondrer sur ma tête, j’ai eu pendant 10 ans la tête dans le guidon et après ça, je me suis vraiment rendu compte que c’était un bel outil de travail", nous raconte-t-elle.
Et quand on lui demande quel est son meilleur souvenir dans son salon, elle nous répond : "mes clientes fidèles". Alors qu’elle compte ses derniers jours, ses dernières heures sur son lieu de travail, ses clientes ne tarissent pas d’éloges et de remerciements à celle qui les a coiffées, sublimées… "Elles me disent que je leur ai apporté beaucoup plus que de la coiffure, que je leur ai aussi apporté une oreille, une écoute…", nous confie Yolande, très émue.
Quand on lui demande le pire souvenir de sa carrière : le Covid. Pour cette gérante d’un lieu où le contact humain et le regard sont primordiaux, cette période a été "la plus dure et la plus compliquée à gérer, avec beaucoup de règles à respecter, beaucoup d’énervement de la part des clients et puis travailler avec des masques toute la journée, mettre des masques alors qu’on est visagiste, ce n’était pas le mieux…"
Pendant toutes ces années, Yolande, passionnée par son métier, a coiffé sa clientèle, chaque jour, mais pas seulement… elle aimait aussi faire ça la nuit en participant à une trentaine de shows coiffure à Besançon et ses alentours au cours de sa carrière. "Tous les shows étaient organisés par l’équipe artistique de l’AFCO avec d’autres coiffeurs, j’adorais ça, c’était toujours beaucoup de stress, de trouille, mais on se dépassait, on faisait tout ce qu’on ne faisait pas en salon, c’était de l’immettable…", se souvient Yolande, "mais je ne le ferais plus, c’est trop de stress".
Yolande Girardet a également coiffé gratuitement Miss Besançon et ses dauphines avant chaque évènement public pendant 2 ans. L’occasion pour cette coiffeuse de former son équipe aux chignons.
Enfin, et pendant plus de 20 ans, Yolande Girardet a également formé une dizaine d’apprenties y compris son fils, Romain…
La coiffure de mère en fils…
Depuis son plus jeune âge, Romain Girardet rêve d’être coiffeur… mais en classe de 3e, il a voulu découvrir le métier de préparateur en pharmacie. Pour cela, il a fallu qu’il passe un BEP de Services à la personne… "Mais ça ne m’a pas du tout plu", se souvient-il. Alors direction la coiffure avec un stage d’été au Salon Courbet "pour voir ce que ça donne, découvrir l’univers de la coiffure et si le partenariat mère-fils fonctionne", précise Romain.
Après cette première expérience validée, il intègre l’Afco, rue de Belfort à Besançon. De 2004 à 2006, il réalise ses années de CAP Coiffure au sein du salon de coiffure de sa maman, son mentor. Romain passe ensuite son Brevet professionnel au Salon Courbet sans grande envie : "Il était hors de question que je gère un salon de coiffure", se souvient-il, "je ne voulais pas le passer, mais mes parents, mes profs, tout le monde me disaient de continuer. Je me suis quand même lancé, autant en finir tout de suite. Validé du premier coup, le tout sans avoir en tête de reprendre le salon de ma mère."
En 2010, il décide d’aller voir ailleurs, dans le sud de la France où il est embauché au sein d’une équipe de 12 coiffeurs dans un salon de coiffure de 200 m2. Objectif : 3 ans. "Finalement j’y suis resté seulement une année", nous explique le coiffeur de 35 ans. "Ce n’était pas prévu qu’il revienne si vite", souligne Yolande, "j’avais embauché quelqu’un… alors je lui ai donné un challenge, celui de se faire une clientèle au salon." Pari réussi…
L’élément déclencheur
Il y a 3 ans, alors que Yolande se renseigne sur la date de sa retraite, elle annonce à son fils qu’elle partira le 1er juillet 2023 et lui propose de reprendre le salon. "Romain ne le sentait pas, mais petit à petit, les choses se sont faites, et il m’a dit OK", raconte Yolande. "Mes parents, mes amis et mon conjoint m’ont soutenu, ça a été l’élément déclencheur pour reprendre le salon", abonde Romain qui, dès le 1er juillet, gèrera une équipe de deux coiffeuses, Laurence, salariée depuis 21 ans et Flavie qui travaille au Salon Courbet depuis 2 ans.
Des projets pour l’avenir du Salon Courbet
Dans ce qui va être son salon dans quelques heures, Romain Girardet n’a pas l’intention de transformer son outil de travail, hormis quelques détails et quelques nouveaux services, lui qui a été élu Ambassadeur de la marque de produits Kératase il y a quelques mois. "Je ne veux rien changer dans le salon, il est tel que j’ai toujours voulu qu’il soit", nous confie-t-il. Depuis quelque temps, on peut lire sur la vitrine non plus seulement "Salon Courbet", mais "Salon Courbet by Romain", comme pour y ajouter sa signature et marquer un renouveau.
Il compte également proposé quelques nouveautés à sa clientèle : lissage brésilien, "un soin qui maîtrise le cheveu dans son volume, sa frisure, l’antihumidité, c’est comme un brushing permanent", explique le professionnel, le "soin botox qui reconstruit le cheveu, le fortifie et le nourrit" et quelques "soins d’exception" comme "le soin Vello, une cure antichute qui permet rebooster la pousse avec minimum de duvet."
Tout est dit.
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