A Belfort, les “Alsthommes” ont reçu “un coup de marteau” au visage

Têtes baissées, encore abattus par l’annonce de l’arrêt de la production de trains d’ici à 2018, les salariés d’Alstom à Belfort accusaient mercredi un « coup de marteau en plein visage »: des quelque 450 emplois, seuls 50 devraient être sauvés sur le site historique du TGV.

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"On est né à Belfort, ça fait 26 ans qu'on est à l'Alstom, on y a fait toute notre +mini-carrière+. Et maintenant, c'est fini", lance, dépitée, une femme d'une quarantaine d'années. Comme elle, devant les grilles du constructeur au logo bleu roi, rares sont les salariés à accepter de donner leur nom. "Imaginez que vous prenez un coup de marteau en plein visage. Voilà comment les gens ont accueilli cette très mauvaise nouvelle. C'est ignoble", explique le délégué CGT du site, Pascal Novelin.

"Alstom c'est notre vie..."

Site historique, où fut construite la première motrice du TGV, l'usine Alstom de Belfort est un des poumons de ce bassin industriel coincé entre l'Alsace et la Suisse. "Voir disparaître un site d'origine comme ça, où tous les savoir-faire étaient présents, ça fait mal au coeur", murmure un homme de 46 ans, très ému. "Alstom c'est notre vie, c'est Belfort", abonde François, 58 ans. Depuis une petite année, il est employé par l'américain General Electric (GE), qui a racheté fin 2015 l'activité turbines et énergie du site. "Je pense aux collègues, j'ai un pincement au coeur. Je me mets à leur place et me dis que nous, à GE, on n'est sûr de rien".

Pour le délégué CGT, ce n'est pas que de la crainte ou de la colère qui règne dans l'usine, mais de la "haine". "On nous annonce froidement qu'on ferme notre usine dans deux ans. Comment voulez-vous qu'on réagisse autrement ?", demande-t-il. "Il y a quelques jours, la direction parlait du TGV du futur, et qu'est-ce-qu'ils font aujourd'hui ? Ils rasent l'usine. Qui va fabriquer le TGV du futur? C'est la seule usine en France qu'on a pour fabriquer le TGV !".

 "Belfort, c'est Alstom" 

Chez les sous-traitants, intégrés au site, l'inquiétude est aussi là. "Totalement abattu", Gaëtan, 31 ans, travaille pour Segula. "Ma famille est implantée dans le coin. Je pensais faire quelques années au sein d'Alstom encore pour être tranquille". Mais mercredi, il a vu ses collègues d'Alstom "partir par vagues se faire annoncer la nouvelle par le directeur du site tout au long de l'après-midi".

 "Après avoir bossé 40 ans, ça me fait mal"

Selon le député-maire (LR) de Belfort, Damien Meslot, 400 emplois directs et 400 indirects sont menacés. Venu devant l'usine, l'édile rappelle que "c'est ici que les premiers TGV ont été construits". Expliquant avoir appris la nouvelle "par un simple coup de fil de la direction", M. Meslot s'étonne et estime que l'entreprise aurait "pu faire autrement". "Le groupe se porte bien et on peut s'étonner qu'on ferme un site alors qu'Alstom gagne bien sa vie, qu'Alstom fait des bénéfices". Pour le bassin, la perte des emplois serait une saignée, ajoute le maire. "Il y a une expression ici: Alstom c'est Belfort et Belfort c'est Alstom. Ca résume tout. Il y a des cités Alstom, des immeubles Alstom. Des milliers et des milliers de familles qui ont un retraité d'Alstom".

Comme Daniel Toitot, 69 ans dont 40 à l'usine de Belfort. Il travaillait au "bureau des méthodes" en 1972, quand le premier TGV est sorti de l'usine. "A l'époque, c'était un fleuron, une fierté pour nous", explique-t-il, au téléphone. La fermeture ? "Après avoir bossé 40 ans, ça me fait mal. Dans les années 1980, on était 1.500. Aujourd'hui, plus de 400 personnes y travaillent encore. Ca fait mal"

(Avec AFP)

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