"J'assume le côté peu politique, peu populaire de ces mesures", a affirmé Christophe Castaner le 9 juillet dernier en référence également à l'abaissement très controversé à 80 km/h de la limitation de vitesse sur 400.000 kilomètres de routes secondaires à double sens sans séparateur central.
Cette mesure, entrée en vigueur en juillet dernier, a permis d'épargner 206 vies durant sa première année d'application, selon des estimations de la Sécurité routière. "Ce chiffre aurait été plus important encore sans les dégradations et destructions de radars", a estimé le ministre de l'Intérieur.
Des chiffres contestés par le comité indépendant d'évaluation : "À l'issue du Conseil national de Sécurité routière réuni le 9 juillet dernier, les services de l'État ont cru pouvoir affirmer que la mesure aurait permis de réduire le nombre des tués de 206 entre le 1er juillet 2018 et le 30 juin 2019. Mais pas par rapport aux douze mois précédents, contrairement à l'usage statistique constant ! Ce qui change tout" explique le comité dans un communiqué en parlant de manipulation des chiffres.
Face à la fronde, le gouvernement a toutefois accepté le principe de dérogations locales. Une fois votée et promulguée la LOM, les présidents de conseils départementaux pourront relever la vitesse maximale autorisée sur certaines routes.
Christophe Castaner a appelé ces élus à la "responsabilité", "responsabilité de décider que cette augmentation de vitesse certes fera plaisir à quelques-uns, certes permettra de faire gagner une seconde par kilomètre, mais pourra aussi causer la mort de quelqu'un". Les élus pourront s'appuyer sur des "éléments d'aide à la décision" -purement consultatifs- présentés dans un rapport mardi par le conseil des experts du CNSR.
Ces experts indépendants conseillent notamment aux chefs d'exécutifs locaux d'"évaluer les risques" d'un changement de la limitation de vitesse et de mettre en place de "mesures compensatoires", comme l'instauration d'une "séparation physique" entre les deux sens de circulation ou, à défaut, "un double marquage horizontal (au sol) continu avec alerte sonore".
Le comité indépendant d'évaluation indépendant des 80 km/h estime que chaque département doit disposer de données locales précises et objectives pour décider sereinement de la sécurité sur leurs routes.
"Nous demandons donc instamment aux services de l'État que soient transmises aux élus comme au CIE non pas des données globales par réseaux (comme cela est le cas dans les rapports du CEREMA - Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), mais celles relatives aux tronçons concernés par la mesure, tant avant que depuis l'application des 80 km/h. Car la méthode employée par la Sécurité routière, qui inclut notamment dans le réseau impacté par les 80 km/h des sections à deux fois deux voies limitées à 110 km/h et celles restées à 90 km/h, voire à 70 ou 50 km/h, ne garantit pas suffisamment la transparence, la rigueur et l'honnêteté des informations que le citoyen est en droit d'attendre de l'autorité publique" conclut Jean-Luc Michaud président du Comité