« Nous sommes là pour alerter tout le monde sur l’existence de la maltraitance et des violences sexuelles dans le sport. Ca existe partout et personne n’est à l’abri ». Le constat émane de Vincent Fuster, président du CROS (Comité régional olympique et sportif) régional en ouverture d’une conférence consacré mardi soir à ce sujet à Besançon.
Greg Decamps, universitaire bordelais, n’a pas démenti ce dernier. Venant de terminer une enquête nationale sur le sujet à la demande de Roselyne Bachelot, ce chercheur est arrivé au constat que 17% des sportifs ont subi des situations de violences sexuelles allant de l’agression (viols…) au harcèlement (brimades, chantage, invectives, exhibitionnisme, voyeurisme…) en passant par des atteintes sexuelles (attouchements, mise en situation…). Tout le monde a encore en mémoire l’affaire Isabelle Demongeot, cette joueuse de tennis violée pendant des années par son entraineur dès 13 ans.
44 disciplines sportives, individuelles et collectives, ont été auscultées à travers une enquête concernant 1400 sportifs de 11 à 35 ans qui pratiquent le sport de haut niveau ou de loisir. « Le milieu sportif est un environnement vulnérabilisant qui expose davantage aux violences de ce type que d’autres milieux », constate Greg Decamp, non sans expliquer pourquoi. « « C’est un milieu fermé avec ses propres valeurs ce qui peut favoriser l’apparition de pratiques qui peuvent rapidement se transformer en violences déguisées, légitimées par le groupe sous prétexte que c’est normal, ça c’est toujours fait comme ça. Ce type de réaction favorise les dérapages ». La plupart des violences proviennent des autres sportifs (57%), beaucoup moins des entraineurs (8%).
« Aucun sport n’est épargné, cela concerne autant les garçons que les filles. Contrairement aux idées reçues, les violences ne sont pas plus fréquentes dans les sports qui exigent des petites tenues comme la natation », note l’universitaire en pointant le fait que les victimes ont souvent tendance à minimiser, à banaliser ce qui leur est arrivé. « A la fois pour se protéger et en estimant que c’est simplement un mauvais moment à passer ». D’ailleurs seulement 5% des victimes portent plainte.
Grâce à cette étude, la France est désormais le seul pays à disposer d’un document de référence basé sur une enquête universitaire. « C’est un sujet qui génère tellement de résistances que les enquêtes sont souvent enterrées avant d’être terminées. Je dois dire que j’ai eu la chance de pouvoir aller jusqu’au bout », a reconnu le maître de conférence en psychologie du sport à l’université de Bordeaux.