Elle a été lancée le 11 décembre 2011 : on va bientôt en souffler ses dix bougies. La Ligne Grande Vitesse Rhin-Rhône va en effet fêter une décennie d’existence en ce mois de décembre 2021.
C’est un moment bien choisi pour la Fédération Nationale des Associations d’Usagers de Transports (FNAUT) de Bourgogne Franche-Comté d’en faire le bilan décennal. Pour la FNAUT, le résultat est en « demi-teinte » : c’est une ligne « atypique, inachevée, sous utilisée et qui sert de variable d'ajustement ».
Une ligne "inachevée"
Atypique, car elle est la seule LGV « de province à province » ; inachevée, parce que « des trois branches initialement prévues, seule sa branche Est a été réalisée dans sa première phase de Genlis, (Est de Dijon) à Petit Croix, (Est de Belfort) », soit « 146 kilomètres avec 2 gares nouvelles à Besançon et Belfort reliées au réseau classique par des lignes TER. »
Pour la FNAUT, l'offre TGV actuelle se résume en deux itinéraires :
- « Des liaisons « radiales » qui relient Paris à la Région Bourgogne-Franche-Comté, le Sud de l'Alsace et la Suisse,
- Des liaisons inter-secteurs Nord-Sud et Rhin-Rhône entre le Luxembourg, Francfort et la méditerranée.»
La LGV reste ainsi « très loin des ambitions initiales » et notamment de sa dimension européenne, elle qui devait offrir « plus de connexions avec l’Europe »
Selon la FNAUT, « l'axe radial représente près de 60% de la fréquentation dont 25% de voyages professionnels, 20% des usagers ont une destination hors hexagone et les déplacements dans la métropole Rhin-Rhône sont évalués à seulement 10%. »
Ainsi, si le nombre de TGV empruntant cette LGV a diminué « d'une dizaine de circulations depuis 2015 (de 45 à 35) », l'axe radial est resté « relativement stable » d’après la FNAUT. Dans le même temps, l'axe Nord-Sud a perdu « la moitié de ses circulations (de 20 à 10) », et le périmètre Rhin-Rhône global, qui comprend des circulations hors LGV est passé « de 60 à 45 circulations environ. »
La gare Franche-Comté TGV dans le viseur
Pour la FNAUT, en parallèle, « la montée en puissance des gares nouvelles ne s'est jamais faite », la zone d’activité de Belfort Montbeliard TGV ayant « seule trouvé un dynamisme que souhaiterait atteindre celle de Besançon TGV." Le coût du stationnement et la redevance pour les taxis « ne facilitant pas l'accès » à cette dernière.
Un potentiel à développer
Mais le potentiel de cette ligne existe. La FNAUT pense qu’elle doit « mieux s'intégrer dans le corridor européen Nord Europe-Méditerranée par le développement de liaisons Nord-Sud à rééquilibrer avec celles de l’axe radial » et améliorer son intégration « dans le réseau ferré national. »
Pour cela, « la seconde phase de la branche Est entre Petit Croix et Lutterbach soit 35 km doit être soutenue ».
Réaliser le tronçon manquant
La réalisation de ce tronçon manquant permettrait « outre un gain de temps sur les deux axes, en désaturant la ligne classique entre Belfort et Mulhouse, de faire circuler plus de TER et plus de trains de fret. »
Il permettrait à la LGV Rhin-Rhône de « mieux s'ancrer dans le corridor européen et de bénéficier de subventions européennes. »
La FNAUT BFC demande ainsi :
- « un bilan complet et transparent à 10 ans de la LGV Rhin-Rhône
- un nouveau schéma de desserte pour le service annuel 2023 plus lisible, cadencé et mieux équilibré entre dessertes radiales et Rhin-Rhône
- la réunion rapide d' un comité de pilotage dont la FNAUT est membre, le dernier remontant à 2017
- le rétablissement dans les meilleurs délais des TGV Mulhouse-Lille et Strasbourg-Marseille via le Revermont (Lons le Saunier).»