on tiendra le coup, promis !
« Pascal, notre cher Pascal,
On en a passé des heures serrés les uns contre les autres ou accoudé au bar. Au bout du bar. C’était notre coin. Comme on dit un coin de jardin ou un coin de paradis. Sait-on vraiment quand on pose un tabouret dans un café qu’on dessine un jardin ?
On en a passé des heures à chercher lequel ou laquelle d’entre nous trouverait la meilleure blague ou la meilleure parade à nos fragilités… A pleurer et à rire comme les hommes dignes savent si bien le faire…
Rire de ce que nous étions : de bons vivants avec des fêlures. Tu nous écoutais. On cherchait comment faire pour mettre de côté nos blessures, comment faire pour rire de nos histoires humaines d’hommes, de femmes et de mélancolie…
Pleurer quand la vie nous balançait des coups. Au coin du bar toujours… Relever la tête aussi ensuite parce qu’avec toi, il n’était pas question de tomber… Ton rire provoquait une étincelle… On levait encore la tête pour attraper une étoile, un bout de soleil, un brin de tendresse comme on dit un brin de muguet…
On a pris le train ensemble. Un train bleu avec 17 hurluberlus qui fonçaient dans le paysage pour protéger la vie. On est allé au zoo. En bateau… On inventait des divertissements comme si rien ne pouvait nous atteindre.
On a porté des robes roses, des robes blanches. On a mis des chapeaux, des casquettes colorées. On a joué aux pirates. On a déjoué la tristesse comme si avec un chapeau de couleur, des nattes blondes ou des plumes, rien ne pouvait nous arriver.
On avançait sur les rails de la vie avec en toile de fond ton bistrot, notre bistrot, théâtre de nos vies comme tu le sais… Un bistrot où chacun avait la possibilité d’être lui-même…
On a fêté des anniversaires et là toujours tu nous offrais un verre pour passer le cap. On prenait des rides au coin de l’œil mais ce n’était que des soleils de l’âme. Comme au coin de tes yeux, des bouts de fatigue et le sourire toujours.
On a cultivé notre jardin, avec des fleurs de toutes les couleurs, avec les Betty, Chonchon et tous les centaines d’amis…
Les fleurs du jardin improvisé devant le Café du Théâtre rassemblent nos souvenirs épars comme des bouquets d’amour. Fleurs et lumières silencieuses de nos torrents d’émotions…
Quel que soit le lieu où tu reposes, ton nouveau jardin, nous sommes avec toi et tes proches.
Que l’herbe, le sable, l’air de l’océan, les vagues et le cri des mouettes bercent ton dernier repos. Et la douceur ta nouvelle île.
Bonne route Pascal !
On tiendra le coup. Promis ! »