Tribune du député du Doubs Eric Alauzet sur l'arrêté anti-mendicité

Publié le 31/08/2018 - 09:27
Mis à jour le 18/04/2019 - 13:48

Le tribunal administratif examinait ce 27 août 2018 à 16h un recours en référé contre l’arrêté de la Ville du 9 juillet dernier interdisant la mendicité au centre-ville de Besançon. La requête avait été rejetée ce 28 août.  « C’est un sujet extrêmement sensible et le débat est parti de travers, il s’est focalisé sur un point précis alors que la problématique est beaucoup plus large « , explique le député du Doubs  Eric Alauzet ce vendredi 31 août 2018.

 ©
©

 " Je m'intéresse à ce sujet, j'y réfléchis et notamment sur la façon dont on vit ensemble de façon apaisée et respectueuse. C'est pourquoi, c'était important que je m'exprime là-dessus", précise le député qui se trouvait à New-York au moment du buzz sur les réseaux sociaux. "Il y a des limites à la liberté quand on nuit aux autres".

Tribune : De la solidarité et de la tranquillité publique pour l’image de Besançon et son avenir

L’arrêté « anti-mendicité » adopté par la Ville de Besançon a fait l’objet d’un feuilleton politique et même très politicien. A ceux qui ont sincèrement porté ce débat par conviction, sont venus se greffer une cohorte de commentateurs aux intentions moins nobles. Il s’agissait pour eux d’orchestrer une polémique pour mieux exister politiquement, quitte à faire volte-face, faute d’autres sujets et d’idées.

Je n’ai volontairement pas participé aux débats pour la plupart stériles. Non pas pour fuir mes responsabilités – je les assume pleinement – mais parce que cette mise en scène a finalement donné un bien triste spectacle et une image erronée de Besançon. Le véritable sujet de préoccupation des Bisontines et des Bisontins a malheureusement été totalement occulté. Car ne nous trompons pas, la question de la tranquillité et de la sécurité, notamment dans notre centre-ville (et pas seulement bien sûr) est essentielle. Il faut regarder la réalité en face et reconnaître les faits : il existe bien des troubles occasionnés par des comportements et des actes très éloignés de la simple mendicité et qui constituent une perturbation à la quiétude à laquelle nous aspirons légitimement toutes et tous. Ne parle-t-on aussi finalement pas ici de la première des libertés et du premier des droits ?  En n’oubliant jamais que la liberté n’est pas sans limite quand elle nuit à autrui.
L’action d’hier nourrit celle d’aujourd’hui

Nous avons fait le choix politique à Besançon d’appréhender globalement cette problématique en travaillant sur le triptyque « éducation - prévention - répression », complété au travers de nombreux champs de notre politique municipale par l’accompagnement des plus démunis. Notre histoire sociale, dont nous sommes tous fiers, a été largement rappelée à cette occasion. Malheureusement, beaucoup en sont restés à contempler l’histoire glorieuse de Besançon, en occultant, en oubliant volontairement, combien la Ville agit au quotidien grâce à l’action des agents de notre CCAS et de nombreuses associations que la Ville soutien largement. Car, c’est bien aujourd’hui, en menant une politique concrète d’action sociale, que nous nous inscrivons dans notre tradition de solidarité. Détourner et focaliser le débat à des fins politiciennes, c’est injurier l’action de ces personnes et l’engagement politique des élus de la majorité. C’est oublier l’ensemble des mesures existantes, par exemple, notre action en faveur des jeunes démunis avec la mise en place de notre dispositif « TAPAJ » (travail alternatif payé à la journée) qui offre, par un accompagnement positif par le travail et donc par l’estime de soi, des perspectives pour renouer avec une vie sociale stable. C’est aussi omettre le formidable travail de la veille mobile, avec près de 1 750 contacts avec des SDF en 2017, organisé par notre SAAS (Service d’Accueil et d’Accompagnement Social) ou encore nos 6 dispositifs « de la rue au logement ». Il apparaît que ces actions menées par la Ville de Besançon, ses élus de la majorité et ses agents, sont au mieux méconnues au pire volontairement « oubliées » par les donneurs de leçons.

L’engagement politique est un exercice de praticien exhaustif et pas uniquement un champ de réflexion pour les chercheurs, les intellectuels voire les bien-pensants très souvent focalisés sur une seule facette d’une problématique. Nous devons agir concrètement et globalement et pas seulement disserter sur un point précis ! Au risque de bouger les lignes, peut-être même de se tromper pour mieux rectifier. Mais l’inertie n’est plus possible, sauf à laisser prospérer les démagogues et les extrémistes. Les leçons mettant en cause la tradition humaniste de la Ville de Besançon, caricaturant et minorant notre action municipale, apparaissent déplacées et tellement éloignées des préoccupations des Bisontines et Bisontins. Cette attaque politicienne frontale totalement démagogique a pour seule fin d’entraîner nos concitoyens dans une approche étriquée du problème et de présenter ses initiateurs - en particulier l’extrême Gauche - comme les seuls dépositaires des valeurs de gauche. La réalité de notre action sociale, notre engagement pour tenter de répondre globalement et concrètement aux problèmes, en l’occurrence de sécurité et de tranquillité, est une réponse cinglante.

Des propositions concrètes pour l’avenir

Il est temps de se renouveler et de prendre en compte les réalités de notre époque. C’est le sens de l’action politique pour notre Ville, celle que je veux incarner avec ses valeurs de solidarité et de fraternité, celle aussi que je revendique avec son souci de pragmatisme pour maintenir l’ordre républicain et ainsi refuser les dérives délinquantes de tout type. Pour cela, il faut parler vrai, ne pas avoir peur des mots, analyser objectivement les situations dans leur globalité et leur complexité pour proposer des pistes pour agir. Il faut savoir se renouveler pour progresser.

Nous devrons sans doute réfléchir à étoffer encore l’accompagnement des plus démunis, avec par exemple le renforcement des équipes de contact de jour auprès des SDF. Le débat doit s’ouvrir entre nous, sans a priori. Voilà la méthode que je veux porter. Je veux aussi aborder tous les sujets, comme ceux de la sécurité et la tranquillité qui ne sont pas des tabous. En ce sens, la question des moyens humains et matériels pour notre Police Municipale est centrale. Il faut franchir une étape pour être opérationnel, à l’échelle d’une grande ville comme la nôtre. Il faudra sans aucun doute pour cela se donner les moyens et faire des choix : recruter massivement pour permettre un déploiement optimal sur le terrain de nos agents et tenir l’espace et le temps tout en renforçant les liens avec la population et les différents intervenants ; s’interroger par conséquent sur la nécessité ou non de déployer encore des caméras dont le coût peut obérer d’autres projets, réfléchir à de nouveaux horaires de travail de notre Police Municipale en concertation avec les agents et en lien avec les nécessités du terrain, apporter de nouveaux matériels plus performants en termes de mobilité et de transmission ; formaliser une nouvelle doctrine d’emploi misant sur le développement de la fidélisation par quartiers, permettre de mieux agir en prévention avec le milieu associatif et éducatif ; mettre en place des conseils de quartiers périodiques avec un ou deux référents Police Municipale pour échanger sur l’évolution des secteurs concernés et ainsi être réactifs ; soutenir aussi les actions répressives quand elles sont nécessaires avec une politique de verbalisation effective des comportements répréhensibles, à commencer par les actes d’incivilités qui ne sauraient rester sans réponse ; renforcer nos liens et nos interventions avec la Police Nationale grâce à la Police de Sécurité du Quotidien (PSQ).

D’ailleurs, dès sa nomination, je solliciterai une rencontre avec le nouveau Préfet du Doubs pour évoquer la situation bisontine et ouvrir un nouveau chantier pour interagir entre Police Municipale et Police Nationale. Il s’agit d’un dossier à prendre à bras le corps, avec sérieux et rigueur, et aussi avec l’intention d’obtenir des résultats. Sans laxisme, sans démagogie, avec responsabilité. De ce point de vue, je sais que nous sommes nombreux à vouloir agir, sans esprit partisan et sans dogmatisme mais avec le seul souci du pragmatisme et de l’efficience dans une volonté de partager nos visions et de décider des meilleurs dispositifs à mettre en œuvre ou à améliorer pour notre ville.
Je compte sur vous comme vous pouvez compter sur moi.

Eric Alauzet, député du Doubs - Août 2018

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

arrêté anti-mendicité Besançon

Conseil municipal : les élus LR fustigent la majorité “atomisée” de Jean-Louis Fousseret

Le conseil municipal de Besançon post-polémique autour de l’arrêté anti-mendicité s’annonce houleux ce jeudi 20 septembre 2018. Entre la création d’un intergroupe au sein de la majorité plurielle du maire LREM de Besançon, l’opposition a tenu à s’exprimer. Dans un message posté sur Facebook, le conseiller municipal LR Ludovic Fagaut parle d’une majorité atomisée et émet le souhait de faire avancer certains dossiers…

Election municipale 2020, arrêté polémique, majorité fissurée… : qu’en pense le maire de Besançon ?

VIDEO • L’été 2018 a été tumultueux pour le maire à Besançon : entre polémique autour de l’arrêté dit « anti-mendicité », la création d’un intergroupe au sein de la majorité du conseil municipal ou encore les positionnements pour sa succession, comment voit-il la suite de son mandat jusqu’à l’élection municipale en 2020 ?

Municipales à Besançon : Dahoui appelle au rassemblement de la gauche

A moins de deux ans des élections municipales et suite à la fissure de la majorité plurielle renforcée par la polémique de l’arrêté anti-mendicité du maire LREM de Besançon, l’adjoint au maire (PS) en charge de l’éducation appelle dans une tribune au rassemblement de « toute la gauche bisontine ». Pour lui, il est impérieux que la majorité municipale tienne bon. Encore faut-il que les différentes composantes de la gauche à Besançon puissent se parler.

Politique

McPhy à Foussemagne : des aides publiques massives pour un avenir très incertain

Moins d’un an après son inauguration, l’annonce de la mise en vente de l’usine McPhy de Foussemagne, spécialisée dans la production d’électrolyseurs, suscite une vive inquiétude parmi les élus communistes et républicains de Bourgogne-Franche-Comté. Dans un communiqué diffusé ce mercredi 16 avril, veille de la visite officielle du ministre de l’Industrie dans le nord Franche-Comté, ils dénoncent un "gaspillage d’argent public" et réclament un changement profond de stratégie pour le développement de la filière hydrogène.

Municipale 2026 à Besançon : Jean-Sébastien Leuba officiellement désigné candidat pour le PS

Le bureau national du Parti Socialiste a validé mardi 15 avril 2025 la Jean-Sébastien Leuba en tant que premier des socialistes pour l’élection municipale de Besançon. Pour rappel, il avait été élu par la section de Besançon le 3 avril dernier avec 80 % des exprimés.

Le ministre de l’Industrie Marc Ferracci, en visite jeudi dans le Pays de Montbéliard

Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et de l’Énergie, se rendra jeudi 17 avril 2025 dans le Doubs et le Territoire de Belfort pour un déplacement consacré à l’hydrogène décarboné, à l’occasion de la publication de la Stratégie nationale hydrogène révisée, annoncée par le Premier ministre.

Remise en cause du tarif de rachat bonifié pour le photovoltaïque agricole : Matthieu Bloch interpelle le gouvernement

Dans une question écrite adressée au ministre de l’Industrie, le député LR du Doubs Matthieu Bloch alerte sur les conséquences de la récente décision gouvernementale de revoir à la baisse le tarif de rachat bonifié S21 pour l’énergie photovoltaïque en milieu agricole.

Gratuité partielle des transports : Alternatiba Besançon salue un ”premier pas” mais appelle à aller plus loin

L’association Alternatiba - ANV COP 21 Besançon a réagi ce lundi 14 avril aux récentes décisions de Grand Besançon Métropole (GBM) instaurant une gratuité partielle des transports en commun. Si elle se félicite de cette avancée, elle nuance sa satisfaction et appelle les élu(e)s à renforcer leurs engagements pour une transition écologique ambitieuse.

Gratuité des transports : L. Fagaut dénonce ”un tournant inquiétant pour la cohésion du territoire”

Le conseil communautaire de Grand Besançon Métropole (GBM), réuni le jeudi 10 avril 2025, a été marqué par des désaccords sur la politique de gratuité des transports scolaires, opposant la majorité municipale bisontine aux élus de l’opposition et de plusieurs communes périphériques. Dans un communiqué diffusé ce lundi 14 avril, Ludovic Fagaut, président du groupe Besançon maintenant, dénonce ce qu’il qualifie de "tournant inquiétant pour la cohésion territoriale".

Statue de Jenny d’Héricourt : J-P Allenbach porte plainte contre la maire de Besançon

Le Mouvement Franche-Comté a annoncé par voie de communiqué ce lundi 14 avril avoir déposé une plainte auprès du procureur de la République pour "délit de favoritisme" visant Anne Vignot, maire de Besançon. Cette action judiciaire fait suite à l’attribution, sans mise en concurrence, d’un marché public pour la conception d’une statue de Jenny d’Héricourt à l’artiste grenobloise Lili Reynaud-Dewar.

Bourgogne-Franche-Comté : la commission permanente vote plus de 195 millions d’euros d’aides régionales

Réunis en Commission permanente, les élus régionaux de Bourgogne-Franche-Comté ont adopté un ensemble de mesures représentant un engagement financier total de 195,15 millions d’euros. Ces crédits sont destinés à soutenir un large éventail de projets dans les domaines économique, agricole, culturel, éducatif, environnemental et social sur l’ensemble du territoire.

Place publique devient un parti politique et veut être ”présent” aux municipales 2026 à Besançon

Après avoir été un mouvement citoyen, Place publique (PP), lancé par Aurore Lalucq et Raphaël Glucksmann, député(e) européen(ne)s, devient un parti politique officiel. En Bourgogne Franche-Comté, dont Besançon, des militant(e)s ont été élu(e)s lors du congés national en mars 2025 à Paris. Prochain objectif : les élections municipales en 2026. Gilles Vieille-Marchiset, Annick Avanzi-Oudet et Becaye Gueye, ont présenté les orientations du parti en local et en régional ce lundi 14 avril.

Gratuité partielle des transports dans le Grand Besançon : L. Croizier dénonce une “fausse bonne idée” coûteuse

La décision du conseil communautaire de Grand Besançon Métropole d’instaurer une gratuité partielle du réseau de transports en commun suscite de vives réactions. Le député du Doubs, Laurent Croizier, qui est aussi conseiller communautaire, dénonce une mesure inefficace et financièrement lourde, pointant l’absence d’impact réel sur la mobilité et le pouvoir d’achat.

Une délégation de Bourgogne-Franche-Comté part en mission au Japon

Du 12 au 19 avril 2025, une délégation officielle de la Région Bourgogne-Franche-Comté se rend au Japon à l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, sous le thème ”Concevoir la société du futur, imaginer la vie de demain”. Objectif : promouvoir les atouts économiques, touristiques et culturels de la région et renforcer les partenariats franco-japonais, notamment dans les domaines de l’alimentation durable, de la mobilité et de la robotique.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 9.88
nuageux
le 18/04 à 12h00
Vent
1.96 m/s
Pression
1015 hPa
Humidité
79 %