maCommune.info : Quel est l'objectif de cette conférence ?
Marcel Ferreol : "Le Collectif Roosevelt et six structures et mouvements de Besançon ( ATD Quart-monde, CCFD-terre solidaire, les amis de la Vie, l'Observatoire social diocésain, le service social de formation et EPI ) se sont réunis pour organiser cette conférence. Nous partageons la conviction que nous ne sommes pas condamnés à une résignation mortelle face à une crise et à l'évolution d'un monde qui nous amènent dans le mur. Nous croyons que nous avons une liberté de choix et qu'il existe des solutions pour remettre "le monde à l'endroit ". Le Collectif Roosevelt avance ainsi quinze propositions concrètes de réformes économiques et sociales auprès des parlementaires, des partenaires sociaux et des gouvernements. Il organise régulièrement avec ses groupes locaux comme le nôtre, des débats et conférences, dans l'esprit de l'Éducation populaire, car nous avons besoin aujourd'hui d'y voir clair pour agir. C'est la troisième conférence - débat que nous organisons à Besançon. Nos six associations voulaient toutes séparément, depuis longtemps, inviter Gaël Giraud qui est une personnalité très occupée ! L'opportunité s'est présentée grâce à une de ses amies bisontines qui a pu le convaincre..."
mC : Qui est Gaël Giraud ?
M-F : "Gaël Giraud est un jeune économiste très doué et réputé, directeur de recherches en économie au CNRS, membre de l’École d’économie de Paris. Sa position est très atypique, il est à la fois conseiller de ministre de tout bord et consultant de grandes institutions financières, et en même temps il est l'auteur de " l'illusion financière", ouvrage qui dénonce la collusion entre banques et haute finance publique. Il propose un point de vue engagé sur la crise. Autre originalité, Gaël Giraud est jésuite , "le jésuite qui tient tête aux banques ! " écrivait le magazine Marianne... C'est aussi un des fondateurs du Collectif Roosevelt... autant de raisons de le faire venir."
mC : Pourquoi avoir choisi ces thèmes pour cette conférence ?
M-F : "Les questions financières et bancaires sont largement ignorées des citoyens. Elles impressionnent chacun de nous, car elles sont techniques et complexes. Nous les laissons aux experts. Et pourtant, elles sont déterminantes : la crise financière et économique de 2008 qui a ébranlé la planète est largement une crise de la finance dérégulée dont les effets et les causes sont encore présents aujourd'hui. Les contraintes imposées de l'extérieur par les marchés sur nos politiques ont des répercussions directes sur notre vie quotidienne. Il n'y a qu'à constater la focalisation du débat en France et en Europe sur la question du déficit des finances publiques. Peut-on se dégager de la contrainte des marchés financiers ? Y a-t-il une autre voie pour sortir de l'impasse actuelle ? Y a-t-il d'autres issues que la généralisation des plans d'austérité budgétaire, le paiement des dettes bancaires par les contribuables et la déflation ? Ce sont les réponses à ces interrogations que nous souhaitons aborder avec Gaël Giraud au cours de la conférence-débat."
mC : En tant que représentant local du Collectif Roosevelt, quelle est votre position sur les deux questions posées : les marchés financiers et notre avenir et la transition écologique : une chance pour l'humanité ?
M-F : "Je n'ai évidemment pas la compétence économique de Gaël Giraud et j'apprends beaucoup de ses réflexions. Mais je suis heureux de constater qu'un homme comme lui venant du secteur économique financier le plus pointu, exprime une critique éthique et économique radicale de la domination financière sur notre économie et nos vies. Notre Collectif est évidemment totalement en phase avec ses analyses et ses propositions. Faut-il rappeler qu'il est un des fondateurs du Collectif Roosevelt et de l'appel avec Stephane Hessel, Edgar Morin, Suzanne George... et bien d'autres qui a été signé par 120.000 personnes.
Son rôle et ses propositions en matière de régulation bancaire et financière ont largement inspiré les 15 propositions du Collectif. Le rôle qu'il donne à la transition écologique comme solution à l'impasse actuelle et comme véritable projet de société est pour nous aussi essentiel. Ses réflexions pour une société de biens "communs" sont une source d'espoir pour demain. Aussi invitons-nous les citoyens à venir nombreux participer au débat qui se tiendra vendredi 17 octobre à 19h45 à l'amphi Fourier de la fac de droit de la Bouloie à Besançon. Une façon de retrouver ensemble du goût et de l'énergie pour faire société."